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Blog des Militants Communistes d'Arras

Blog de la section du Parti Communiste d'Arras. 14 avenue de l'hippodrome 62000 mail: arraspcf@gmail.com

Pauvres, malades et rackettés

Editorial par Jean-Paul Piérotundefined

Sur quels critères d’évaluation Roselyne Bachelot sera-t-elle notée par le cabinet d’audit Mars & Co auquel Nicolas Sarkozy et François Fillon ont confié l’examen de la compétence des ministres ? Peut-être, du moins est-ce une suggestion, sur le nombre de visites chez le médecin auxquelles les malades auront renoncé, sur le nombre d’ordonnances prescrites et non suivies d’effet chez le pharmacien. En d’autres termes, sur les réductions des dépenses de santé des personnes les plus fragiles, socialement et médicalement. Car il ne faut pas généraliser. Tout le monde ne souffrira pas des franchises médicales Elles ne sont qu’une pichenette pour le monde de fric et de strass qui environne nos ministres. Mme Bachelot peut jouer les ingénues en s’étonnant de la réaction d’indignation provoquée par la décision de faire payer au patient cinquante centimes par boîte de médicaments ordonnée par le médecin. Soixante pour cent des Français y sont hostiles, selon un récent sondage. Elle se veut culpabilisante en instrumentalisant la compassion que chacun éprouve à l’égard des personnes atteintes de la maladie d’Alzheimer au profit desquelles ces mesures sont prétendument destinées. La ministre de la Santé n’ignore pas que les catégories de la population qui vont être principalement frappées sont les familles aux petits revenus, les personnes âgées, les malades de longue durée ou souffrant d’affections graves, notamment de la maladie d’Alzheimer. Nous atteignons sur cette question vitale dans bien des cas, le sommet de l’iniquité.

Plus de soixante ans après la création de la Sécurité sociale dans une France dévastée par la guerre, ruinée par l’occupation nazie et la trahison vichyssoise, l’homme qui veut incarner la rupture avec ce que le modèle français recèle de progressisme, introduit un système par lequel ce sont les malades qui paient pour les autres malades. Et compte tenu du fait que plus l’on est malade, davantage on prend de médicaments, ce sont les hommes et les femmes les plus pathologiquement touchés, les plus handicapés qui débourseront le plus chez le pharmacien et pour l’ambulance. Derrière le discours faussement compassionnel de Roselyne Bachelot se dissimule la politique profondément injuste de Nicolas Sarkozy. Et disons-le, en matière de santé, contraire à toute notion d’humanisme. Ce qui est présenté à l’opinion publique comme une mesure d’urgence vient en réalité de loin. L’idée germe depuis plusieurs années dans la mouvance néolibérale et chez Nicolas Sarkozy : l’assurance maladie devrait répondre aux mêmes critères que les assurances automobile, des critères commerciaux. La franchise sanctionne en quelque sorte les petites négligences du propriétaire. Mais jusqu’à aujourd’hui du moins la Sécurité sociale n’est pas une affaire privée, un être humain a une autre valeur qu’un véhicule endommagé, un malade n’a pas à être sanctionné pour son mauvais état de santé. Ce sont là quelques principes de base du consensus républicain depuis 1945. C’est pourquoi non seulement l’opinion publique mais aussi des acteurs du système de protection sociale, comme la Caisse nationale d’assurance maladie et la Mutualité française ont exprimé leur opposition aux franchises.

Le témoignage que nous a confié Bruno-Pascal démonte à lui seul la mystification concoctée par la droite. Il n’est pas sûr que le président de la République, entre des vacances égyptiennes et un week-end à Petra, aura trouvé le temps de lire la lettre que lui a envoyée ce travailleur social, qui entre dans un combat du désespoir au nom de tous ces gens modestes qui vont retarder des traitements ou se passer de médicaments calmant leurs souffrances. Mais cet appel concerne aussi tous ceux qui restent attachés aux principes de la solidarité humaine, comme un encouragement à résister à cette nouvelle « civilisation » où l’on rackette les malades.

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