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Blog des Militants Communistes d'Arras

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Elections Municipales: « À Bobigny, la peur a été l’instrument de la conquête du pouvoir »

Elections Municipales: « À Bobigny, la peur a été l’instrument de la conquête du pouvoir »

La journaliste Ève Szeftel dévoile, dans son livre-enquête le Maire et les barbares, comment l’UDI de Jean-Christophe Lagarde a pactisé avec la «voyoucratie» pour ravir la ville aux communistes. Entretien.

 

Quels sont les termes du pacte clientéliste entre l’UDI de Jean-Christophe Lagarde et la «voyoucratie» de Bobigny?

 

Ève szeftel En 2002, Jean Christophe Lagarde est élu député de Seine -Saint-Denis à 22 voix près. C’est presque une victoire par effraction. Dès lors, son objectif est de prendre Bobigny aux communistes pour agrandir le socle électoral de sa circonscription. Pour cela, il va s’employer à casser le lien entre les musulmans et les communistes dans la ville. Cela passe principalement par le financement d’associations qui sont dirigées par des «grands frères », des figures d’influence dans les quartiers, en échange de leurs votes. En 2014, Jean-Christophe Lagarde recrute comme assistant parlementaire Kianoush Moghadam, un leader d'opinion de la cité Paul Éluard. C’est lui qui est chargé de distribuer la réserve parlementaire de Lagarde, à peu près 400 000 euros, vers les associations influentes de la ville - soutien scolaire, club de foot, associations religieuses autour de la mosquée. Ensuite, les leaders de ces associations ont été récompensés par des postes municipaux, en général d’adjoints en mairie, alors qu’ils n’ont pas les qualifications requises. La CGT a joué ici un rôle de lanceur d’alerte, en dénonçant des embauches d’individus présentant de gros casiers judiciaires et des revenus qui crèvent le plafond.

 

Quel rôle ont joué ces « voyous » dans la campagne de 2014?

 

Êve szeftel La campagne a été sous tension. La maire PCF, Catherine Peyge, a été la cible d’insultes sexistes, sur son physique. Des militantes communistes se faisaient traiter de « vieilles putes » dans la rue. Jusqu’à de la violence physique, puisque des membres des Jeunes communistes ont été passés ù tabac.

 

Quelles conséquences a eues cette gestion clientéliste et communautariste sur la ville?

 

Ève szeftel Sur l’aspect clientéliste, il y a eu un accaparement des ressources municipales par une minorité: les emplois, les logements, les marchés publics, etc. Une enquête du parquet national financier est ouverte depuis 2019, avec de lourds soupçons de détournements de fonds publics, de favoritisme et de népotisme, contre les époux Lagarde et le premier adjoint Christian Bartholmé notamment. Quant à l’aspect communautariste, la ville a beaucoup changé en six ans. Un écosystème islamiste s’est petit à petit mis en place, au grand dam des musulmans qui n’ont pas du tout envie de vivre sous cette coupe. 

La mairie a fait des choix : c’est la seule préfecture sans librairie, car celle-ci a fermé après que la mairie a rompu son contrat avec elle, parce qu’elle était tenue par une opposante. En revanche, la mairie n’a pas eu de scrupules à effacer la dette de 125 000 euros d’une société immobilière qui, quelques mois plus tard, a ouvert une salle de combat non mixte. La même semaine, le maire inaugurait une école musulmane hors contrat.

 

Quelle est la nature du «pacte dans le pacte» que votre livre-enquête met au jour et qui lie l’équipe municipale et Jean-Christophe Soumbou, figure du « gang des barbares»?

 

Ève szeftel Lynda Benakouche, qui était sur la liste du maire Stéphane de Paoli élu en 2014 et qui est devenue chargée de mission par la suite, est la compagne de Jean Christophe Soumbou, incarcéré dans l’affaire llan Halimi. C’est une figure tutélaire et menaçante des quartiers, et à travers sa compagne la liste UDI est symboliquement sous sa protection. La peur qu’il inspire a été un des instruments de la conquête du pouvoir. La figure de Soumbou a un effet puissamment dissuasif sur les opposants - et sur les journalistes aussi. Au début, on m’a dit : « Tu es folle, tu vas finir comme llan Halimi. » Tout le travail de mon enquête a été de briser l’omerta qui s’est installée. •

 

l'Humanité 20 février 2020  ENTRETIEN RÉALISÉ PAR CYPRIEN CADDEO

 

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