Liberté Hebdo 1308: L'édito de Robert

LE MAL QU’ON PEUT NOUS FAIRE

Oh la la la vie en rose, le rose qu'on nous propose... » Souchon ne nous en voudra pas d’emprunter ici les premières lignes de «Foule sentimentale ».

Depuis les mauvaises annonces faites par le groupe Carrefour, difficile pour les employées, les caissières, tout le personnel des hypers et des supermarchés de voir la vie en rose. Chez Pimkie, même refrain, comme une rengaine, le couplet des fermetures de magasins, de suppressions de postes est lancinant.

La grande distribution se plaint d’internet. La concurrence fait rage, répètent à l’envi radios et téléviseurs, France Inter a même offert un superbe temps d’antenne au PDG de Carrefour. Une belle occasion de venir expliquer sa « stratégie ». Comme si la course au profit avait besoin d’être décortiquée à nouveau. Notre président de la République est décidément l’ami des patrons. Mais nous ne le découvrons pas, nous le savions tous.

Pour être capable de résister au rouleau compresseur médiatique et pouvoir proposer une alternative, il faut énormément de volonté, de sacrifices et d’abnégation.

Pour les militants syndicaux, la guerre économique est bien plus rude que pour le patronat. Ce ne sont pas les statistiques, les courbes du chiffre d’affaires, la position sur l'échiquier du marché qui priment. Ce sont les hommes et les femmes qui ont une famille à faire vivre. Et dont tous les efforts sont concentrés sur l’avenir et le monde qu’ils vont offrir à leurs enfants avec l’espoir de bonnes études permettant d’avoir un travail assuré, honorable et bien payé.

Mais quel monde nous prépare-t-on quand les retraités voient leurs maigres pensions encore rabougries par les dernières mesures gouvernementales ?

Qu’est-ce qu’une société qui ne protège pas ses citoyens ?

Nous voudrions tous être fiers de payer nos impôts pour construire une société plus juste, plus solidaire, capable d’améliorer notre cadre de vie.

En lieu et place, tous les services publics sont confrontés à la diminution des moyens, à la mise en concurrence avec des sociétés privées mobilisées par les profits potentiels, comme pour le logement social.

La prochaine réforme annoncée du baccalauréat n’est certainement pas faite pour améliorer le système. En lieu et place d'une Education Nationale apte à construire de futurs citoyens suffisamment éclairés pour disposer de leur libre-arbitre, nous avançons nettement vers un mode de formation uniquement destiné à rendre opérationnel pour l'entreprise de futurs consommateurs plus corvéables et résignés que jamais.

Est-ce le monde qu’on nous propose ?