10 Décembre 2015
La droite doit faire carton plein, pas de demi- mesure.
Il n’y a pas d’alternative. Rien ne méritait d’arrêter le combat.
Les socialistes l’ont fait. En rase campagne. Avant même que Fabien Roussel propose une fusion combative, Pierre de Saintignon a fait le choix du désistement.
Abandonnant les familles populaires, les salariés, les retraités, les syndicats... En rase campagne, sans pousser le combat.
Sans convaincre.
Pour la deuxième fois. En 2002, l’outrecuidance, le déni.
Aujourd’hui, à demi-mot, tout en retenue. Manuel Valls proclame au JT qu’il est « temps de mettre au clair ». Ne finit pas sa phrase. Parle de la République, de la vision de la France. N’évoque jamais les fascistes. Il sort son meilleur costume pour entrer dans la posture du chevalier de la morale.
Pas un mot de regret, pas une once de sentiment. La froideur du politique rompu à passer l’obstacle. Comme un cheval dressé. Une monture pour les cavaliers de l’apocalypse.
Nicolas Sarkozy dit qu’il n’y a rien « d’immoral à voter pour le FN ». Ni fusion, ni retrait pour la droite sur ses consignes.
Et au milieu, nous.
Hommes et femmes de bonne volonté. Coincés entre le marteau et l’enclume du renoncement, du cynisme. La génération qui défilait au lendemain du 21 avril 2002 en a pris plein la tronche depuis. Sans qu’aucun socialiste n’ait remis en cause des choix antisociaux, sur les retraites, les services publics, l’énergie, les télécommunications, la sécurité sociale...
Le PS a cassé les rêves mais pas l’espoir.
Il refuse aujourd’hui aux habitants du Nord - Pas-de-Calais et de la Picardie le droit de participer pleinement à la bataille électorale, le droit d’avoir une voix, rien qu’une voix dans le futur hémicycle régional. Non, rien, il se désiste. Poussant Bertrand dans les bras de Le Pen pour une valse macabre sur le dos des associations, des lycées, des syndicats, des transports régionaux, de la culture.
Après moi le déluge ?
Les dirigeants socialistes misent-ils sur une droite occupée à défendre la région face à des fascistes qui montreront les dents pendant six ans ? Et après ? et après ? ce sera quoi ?
Lille, ce n’est pas la France ; le PS n’est plus la gauche. Nous allons vers une nécessaire reconstruction. Il va falloir armer les cerveaux des jeunes pour reconstruire les valeurs, les fondamentaux issus de la Révolution française. Rabotez les éléments de langage. Raclez les langues de bois.
Laisser aux électeurs le choix entre les fascistes de Le Pen et la droite, c’est abdiquer deux siècles et demi de luttes pour les lumières. Nous entrons dans un soubresaut historique incontestable.
Dimanche 13 en glissant le bulletin Bertrand dans l’urne, j’aurai le sourire aux lèvres. C’est le meilleur moyen de montrer les dents à Madame Le Pen.
Nous sommes privés d’un choix à gauche au deuxième tour. Les socialistes devront rendre des comptes. La droite aura d’autant plus de mal à ignorer les forces progressistes que son score sera spectaculaire au soir du second tour.
La région ne sera pas la même avec un Fn à 17 % ou à 44 %. Jusqu’au bout, dans notre région qui a connu tant d’engagements, de souffrances, avec solidarité, avec dignité, avec courage, les hommes et les femmes ont toujours fait front.
Jusqu’au bout. Pour l’Humain d’abord !