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Blog des Militants Communistes d'Arras

Blog de la section du Parti Communiste d'Arras. 14 avenue de l'hippodrome 62000 mail: arraspcf@gmail.com

A propos de Jean Guimier, par Christian Lescureux

L’héritage de Jean Guimier, l’émancipation par le sport.

Les camarades qui lisent l’Huma on pu y trouver vendredi toute une page consacrée à Jean GUIMIER.

Ce n’est pas dit dans l’article et je tiens à préciser que ce camarade a appartenu à la section d’Arras avant guerre. Il était prof d’éducation physique à l’Ecole Normale de Garçons d’Arras et je me souviens qu’il a organisé en 1937 ou 1938 une immense fête gymnique dans la ville puis au stade Degouve, avec les élèves de toutes les écoles primaires et collèges de la ville en tenue d’athlètes. C’était grandiose ! J’y ai participé avec le collège d’Arras. Il avait une réputation d’extrême sévérité. Il est revenu à Arras après la guerre donner une conférence sur le sport au nom du parti

Christian Lescureux

Le week-end dernier, un hommage a été rendu à Jean Guimier à l’occasion du dépôt de ses archives personnelles dans le fonds classé du PCF aux archives départementales de Seine-Saint-Denis. Un patrimoine précieux qui retrace l’histoire d’un engagement collectif en faveur du sport pour tous.

Résistant et militant communiste, fondateur de la commission sport du PCF, créateur des états généraux pour le sport en 1946 et des assises nationales du sport en 1970, secrétaire général de la Fédération nationale des offices municipaux des sports (Fnoms) de 1970 à 1974 … Jean Guimier a été de tous les combats pour la défense d’une politique sportive nationale, la défense des écoles de formation, les conditions d’enseignement et le développement des équipements sportifs scolaires. Il a disparu en 1975, nous célébrons cette année le 100e anniversaire de sa naissance.

Fils d’un maréchal-ferrant, il est né le 23 janvier 1913 dans un petit village de la Sarthe. Remarqué par son instituteur pour ses qualités, il intègre l’école normale d’instituteur du Mans. Brillant sportif, diplômé de l’école normale, il a été l’un des premiers professeurs d’EPS de l’éducation nationale. En 1933, il adhère au PCF et participe aux grands débats démocratiques dans le cadre de la lutte antifasciste aux côtés de Paul Langevin, Henri Wallon et André Malraux. En 1934, Jean Guimier et Auguste Delaune proposent à Maurice Thorez de s’opposer publiquement à la tenue des jeux Olympiques à Berlin de 1936.

Auguste Delaune, secrétaire général de la FSGT, est chargé d’organiser la participation de la France aux jeux populaires à Barcelone, et Jean Guimier, secrétaire du comité international contre la tenue des Jeux de Berlin, est chargé d’animer la conférence internationale pour le respect de l’idée olympique à Paris les 6 et 7 juin 1936.

Ensemble, ils rédigent le premier programme politique sur le sport sous l’appellation « Pour une jeunesse saine, forte et joyeuse » édité par la FSGT. Ce programme est soutenu par le PCF pour les élections législatives de 1936 et suivi d’un projet de loi accordant 1 milliard de francs pour financer les réalisations nécessaires. Il est prolongé sous le Front populaire par Léo Lagrange, avec la création du premier brevet sportif populaire et la formation des enseignants et cadres du mouvement sportif. Dans ce programme de la FSGT, il est proposé la création dans chaque ville d’un office municipal des sports. L’objectif est de démocratiser le sport français en réunissant toutes les personnes bénévoles susceptibles d’unifier et d’organiser la pratique de l’éducation physique et du sport dans sa commune. Dès le début, les revendications se font entendre : demande de crédits, besoins d’équipements sportifs, répartitions des créneaux ou encore développement de la médecine du sport. À la Libération, Jean Guimier relance le développement des OMS et devient le secrétaire général de la Fnoms en 1970.

Jean Guimier est mobilisé en 1939 et fait prisonnier en mai 1940 au stalag 8C en Silésie. Il organise les activités sportives pour les prisonniers, fonde un club omnisports sous le nom du Stade Français, inaugure un stade et organise des olympiades. Il est rapatrié en France, il reprend un poste d’enseignant et s’engage dans la Résistance et le réseau sport libre et participe à la libération de Paris en août 1944. Il contribue aux travaux du Conseil national de la Résistance et à une note intitulée « La croisade pour le sport » (bulletin de la commission sport du CNR de mai 1946).

À la Libération, il met en place un grand mouvement d’opinion : des états généraux pour le sport dans chaque département, qui aboutissent à un congrès national ouvert au palais de Chaillot du 19 au 23 juin 1946 avec deux journées de travail à la Mutualité et une journée de clôture à la Sorbonne par Marcel Edmond Naegelen, ministre de l’Éducation. Ce mouvement conduit à des évolutions considérables sur la création des structures ministérielles, la formation des cadres, l’équipement du territoire, le développement du sport féminin, le développement des centres médico-sportifs...

De 1945 à 1947, il sera conseiller technique au ministère des Sports et participera à l’installation des Creps des écoles normales supérieures. En 1958, il adresse un courrier à Jacques Duclos pour l’interpeller sur le manque de considération de la direction nationale du PCF sur les enjeux de l’éducation physique et des activités physiques et sportives. Le secrétaire général du PCF lui propose de créer une commission permanente auprès de la direction nationale que Paul Laurent sera chargé de mettre en œuvre. Jean Guimier, Robert Mérand et Yvon Adam sont chargés de l’animer. Depuis ce jour, la commission sport du PCF n’a pas cessé de fonctionner.

Jean Guimier a effectué l’essentiel de sa carrière d’enseignant à Paris au lycée Turgot. Pour lui, le problème numéro un résidait dans les conditions matérielles et pédagogiques de l’enseignement. Syndiqué au Snep dès 1950, il n’hésita pas à conduire des listes aux différents congrès de 1952 à 1969 et défendit toute sa vie sa conception d’un syndicalisme de lutte unitaire et démocratique.

Assises citoyennes pour le sport. Entre 1969 et 1970, Jean Guimier contribua à l’émergence des assises locales et nationales du sport. Les 23 et 24 mai 1970, elles regroupaient 600 délégués d’associations, représentants de 300 assises locales. Jean Guimier, par son rapport de synthèse, marqua l’histoire. Une de ses revendications, toujours d’actualité, était le doublement du budget de l’État consacré au sport. Sur la voie tracée par Jean Guimier, les 150 participants aux assises citoyennes pour le sport venus, le week-end dernier, au siège du PCF, ont décidé d’impulser des assises locales du sport et de travailler à un projet autour de propositions applicables dès le lendemain des élections municipales. Le fil conducteur est l’émancipation par le sport par la construction d’une culture commune, qui s’appuie d’abord sur l’enseignement obligatoire de l’EPS dès la maternelle. Le sport doit être libéré de toutes formes d’instrumentalisation et permettre à toutes et tous de se libérer soi-même par la pratique d’activités physiques et sportives.

Nicolas Bonnet

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