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Blog des Militants Communistes d'Arras

Blog de la section du Parti Communiste d'Arras. 14 avenue de l'hippodrome 62000 mail: arraspcf@gmail.com

Le grand philosophe marxiste Lucien Sève est décédé lundi du coronavirus

Le grand philosophe marxiste est décédé lundi du coronavirus, à l’âge de 93 ans. Il laisse derrière lui une œuvrintellectuelle considérable et trop méconnue.

 

 

« Le communisme est mort, vive le communisme ! »

 

 

Lucien Sève

Le philosophe Lucien Sève nous a accordé un entretien, diffusé à l'occasion du Forum Marx organisé samedi 17 février par l'Humanité et le collectif Marx 2018. Nous le publions intégralement ici. Un message fort, adressé aux jeunes générations.

Publiée par l'Humanité sur Dimanche 18 février 2018

En novembre 2019, Lucien ve avait accordé au journal l'humanité un grand entretien à loccasion des trente ans de la chute du mur de Berlin et de la sortie de son dernier ouvrage.

Voici quelques extraits de cette rencontre.

L’écroulement du mur de Berlin, le 9 novembre 1989, est présenté par les médias dominants comme « la mort du communisme ». Vous venez de publier le Communisme ? (La Dispute), où vous affirmez au contraire sa pleine actualité. 

Comment comprendre ce qui s’est produit au XXe siècle ?

LUCIEN SÈVE (…) Ce qui est mort sous le nom foncièrement frauduleux de « communisme », fin 1989, avec la chute du mur de Berlin, puis, en 1991, avec l’effondrement de l’Union soviétique, n’avait en profondeur rien à voir avec le communisme en son authentique sens marxien. En 1917, la victoire de la révolution bolchevique en Russie a pu faire accroire que l’ère du communisme allait commencer. Mais, en 1921, une fois gagnée l’effroyable guerre civile déclenchée par les officiers tsaristes avec l’appui militaire des pays capitalistes, Lénine a la lucidité de com- prendre que le passage de la Russie au socialisme, entendu comme première phase du communisme, est impossible avant longtemps pour cause de prématurité historique. « Nous avons tout le pouvoir, dit-il, mais nous sommes arriérés », « nous ne sommes pas assez civilisés ». (…) D’où le choix d’une politique, la NEP, tournée vers la longue maturation des préconditions matérielles et culturelles d’un vrai passage au socialisme. La mort de Lénine, en 1924, est une catastrophe. Staline liquide la NEP, violente la paysannerie et les ouvriers, brutalise ses opposants avant de les liquider. Il tourne le dos à Lénine (…) et engage l’Union soviétique dans un national-étatisme étranger à la visée communiste marxienne qu’il n’a jamais vraiment comprise et tient même pour pure utopie.

En quoi le communisme, en ce vous appelez la « visée communiste marxienne », répond-il aux conditions d’aujourd’hui ?

LUCIESÈVE () Dabordengager sanaucudélalsortidcapitalismdevienune mûre en ce sens que nous n’avons littéralement plus d’autre choix. La dictature mondiale du profit financier nous conduit à une proche catastrophe écologique, perçue de tous, et à une non moindre catastrophe anthropologique, incroyablement peu dite. Engager le passage à un post-capitalisme viable est devenu une question de survie pour le genre humain civilisé. À quoi s’ajoute la véritable entrée en folie suicidaire du système : le capitalisme de la « nouvelle économie » et des plateformes détruit le travail social, sacrifie l’économie réelle à sa boulimie de richesse virtuelle en constante menace d’éclatement, avoue de plus en plus ouvertement son caractère parasitaire et sa perte de justification civilisée, pousse l’idéologie californienne jusqu’à la prétention de régenter tout l’avenir humain (…). Ces deux raisons de juger mûre l’exigence de communisme sont aussi, hélas, des raisons d’envisager le pire : le capitalisme ne va pas s’effondrer de lui-même, il a encore la force de nous conduire tous à la mort, comme ces pilotes d’avion qui se suicident avec leurs passagers. Il urge d’entrer dans le cockpit pour nous emparer ensemble des commandes. Mais ici apparaît la troisième donnée, encore subalterne mais en essor très sous-estimée : des « déjà-là de communisme » potentiel ou même effectif se forment partout.

Des « déjà-là de communisme » ? Qu’entendez-vous par là ?

LUCIEN SÈVE Possibles technologiques gigantesques de bien-être pour tous, bourgeonne- ment multiple de rapports post-classes, irrésistible poussée d’émancipation humaine que domine l’entrée en scène des femmes, foisonnement d’initiatives des individus et des peuples pour prendre en main leur sort, et le nôtre à tous… On est encore bien loin du but, et pourtant, en un sens, il est à portée de main. Qu’est-ce qui manque tragiquement ? Je dirai : l’audace intellectuelle de juger venue l’heure d’engager pour de bon le passage communisme, à rien de moins que le communisme. L’obstacle décisif n’est pas en

l’adversaire mais en nous.

ENTRETIEN RÉALISÉ PAR PIERRE CHAILLAN

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