3 Mars 2019
Le 2 février dernier, j’ai regardé au journal télévisé de 20 heures de France 2 les informations sur le Venezuela.
1. Ces informations prennent la forme d’une présentation entièrement en faveur de Juan Guaido :
Le couronnement de cette information n’est cependant pas là. Laurent Delahousse, le présentateur du 20 heures, et Dorothée Olliéric parlent de deux manifestations : l’une pour Guaido, l’autre pour Maduro. On s’attend donc, après le reportage sur les partisans de Guaido, à voir le reportage équivalent sur les partisans de Maduro. On l’attend toujours...
2. Au journal télévisé de 20 heures du 3 février, nouveau sujet sur le Venezuela. Dorothée Olliéric, la journaliste de France 2, souligne que, derrière Nicolas Maduro, il y a la Russie, la Turquie, l’Iran, la Chine. Cette énumération est révélatrice à deux titres :
3. Sur le site de l’hebdomadaire Le Point, un billet est titré : « Nicolas Maduro défie l’Occident ». Bien que les régimes communistes aient disparu avec la chute de l’URSS, en 1991, Le Point n’en reprend pas moins un vocabulaire de guerre froide, lorsque, au camp « de l’Est » (c’est-à-dire celui du « communisme », donc du Mal...), s’opposait celui de « l’Occident » (c’est-à-dire du Bien). Ainsi, malgré l’apparition d’un nouvel « adversaire », d’un nouveau « péril » (l’islamisme), tout ce qui peut évoquer le « communisme » honni représente encore un épouvantail.
Le titre du Point est révélateur d’une certaine outrecuidance : il y est dit que Nicolas Maduro « défie » l’Occident, comme on dit d’un bandit retranché qu’il défie la police, comme si l’Occident (c’est-à-dire les États-Unis, le Canada, l’Allemagne, la France, le Royaume-Uni, les Pays-Bas, le Portugal, l’Espagne, l’Autriche – soit, en gros, à part l’Autriche, le cœur de l’OTAN) représentait dans le monde l’autorité morale et juridique suprême, en lieu et place de l’ONU.
En quoi Nicolas Maduro devrait-il rendre des comptes à cet « Occident » ? Quelle est l’autorité morale de cet « Occident » ? En quoi cet Occident a-t-il reçu un quelconque mandat de l’ONU pour faire la leçon à Nicolas Maduro ? Où sont les résolutions de l’Assemblée générale ou du Conseil de sécurité allant en ce sens ? Qui a délégué à l’ « Occident » le rôle de justicier et de policier du monde ?
Lorsque Israël passe outre à un vote quasi unanime de l’Assemblée générale de l’ONU condamnant sa colonisation de la Cisjordanie, on n’a guère vu Le Point titrer : « Israël défie l’ONU »...