4 Novembre 2015
Les communistes de l'Arrageois ont honoré leurs camarades résistants disparus, en affirmant que les communistes de la section de l'Arrageois sont décidés à continuer leur combat pour une société plus juste.
Arras a payé un lourd tribut dans le combat contre l’occupant durant la Seconde Guerre mondiale. Cinquante-huit Arrageois ont été fusillés ou ont péri dans les camps de la mort . Trente-six d’entre eux étaient membres de la section communiste d’Arras.
c'est par la lecture de l'intervention préparée par Christian Lescureux (excusé de son absence) que le secrétaire de section René Chevalier rendit hommage et prononça les noms des 36 camarades résistants fusillés et morts dans d’atroces souffrances.
voici le texte et les noms des 36 camarades.
HOMMAGE A NOS 36 CAMARADES RESISTANTS FUSILLES
OU EXTERMINES DANS LES CAMPS DE LA MORT
Dans ce Caveau des Fusillés reposent les dépouilles des six résistants communistes fusillés sous l’Occupation allemande : Maurice et Paul Camphin, Robert Clipet, François Lambert, Georges Louchet et Georges Santerne. Les a rejoint dans cette tombe, René Camphin, colonel de la Résistance, député communiste élu à la Libération et brutalement décédé en 1953.
Comme chaque année, en ce 1er novembre, nous venons rendre hommage à ces camarades. Et évoquer la mémoire de l'un d'entre eux.
Robert CLIPET est né le 30 novembre 1896, à Etréchy en Seine et Oise
Ancien combattant de la première guerre mondiale, militant il fut militant communiste dans les années trente. Architecte il vint s'installer à ARRAS, son épouse étant employée à la préfecture.
Selon des sources policières il eut la responsabilité, avec Jules Warret, du parti communiste clandestin d'Arras en 1943.
Il effectua des transports d'armes, hébergea des clandestins sous le pseudonyme de «Jacques » et fut l'organisateur du «Front National » à Arras
Il fut arrêté par la police française et la Gestapo le 2 août 1943.
Blessé lors de son arrestation, il fut emprisonné à la Maison d’arrêt St Nicaise à Arras.
Torturé, il s’est pendu dans la nuit du 2 au 3 août dans sa cellule.
Déclaré fusillé par les autorités allemandes, il fut enterré dans les fossés de la citadelle d’Arras le 3 août 1944.
Cette année 2015 est aussi celle du 70 anniversaire de la Paix et de la terrible découverte des camps d'extermination dans lesquels les nazis persécutèrent et firent périr des millions d'êtres humains.
UNE PLAQUE DE MARBRE RAPPELLE QUE 30 DE NOS CAMARADES ONT PERI DANS CES CAMPS APRES D'INDICIBLES SOUFFRANCES.
Les derniers témoins de cette époque disparaissant, le souvenir de ces martyrs qui ne connaîtront jamais de sépulture s'efface peu à peu.
C'est notre devoir de rappeler qui étaient ces militants hommes et femmes qui participèrent au prix de leur vie au combat pour la libération de leur patrie.
Ce sont plus de cinquante résistants communistes de la section d’Arras qui ont été condamnés par le tribunal militaire d’Arras ou par la Cour spéciale de Douai.
Ils ont connu la prison, les travaux forcés ou la déportation.
Une dizaine d’entre celles et ceux qui ont séjourné dans les camps de la mort en Allemagne en sont heureusement revenus et ont pu témoigner des terribles souffrances endurées.
BIENFAIT Fernand
Né le 20 février 1920 à Abbeville (Somme).
Demeurait 20 rue Estenne Cauchy à St Laurent-Blangy
Parti de la prison cellulaire de Cuincy vers Paris-Nord le 18 mai 1943 enchaîné pieds et mains, puis transféré à de la centrale de Poissy à Compiègne le 28 février 1944 puis jusqu'au camp de Mauthausen, en Autriche.
Décédé le 27 mai 1944 au camp annexe de Gusen. (NN)
BLONDEL Louis
Ouvrier galvanisateur à l'Application électrique
Demeurait 57 Bd Faidherbe à Arras
Né le 13 août 1889 à Caudebec- les-Elbeuf (Seine-Maritime).
Fils de Alphonse et Maisonnier Alexandrine, époux de Seux Reine Marguerite.
Incarcéré à la prison St Nicaise à Arras le 29 décembre 1943
Transféré à la prison St Gilles à Bruxelles et déporté le 24 mars 1944 ; transféré dans plusieurs camps dont celui de Gross-Rosen
Décédé le 11 mars 1945 au camp de Mauthausen (NN)
BUQUET Jules
Cheminot
Demeurait rue de la briqueterie à Achicourt
Né le 1er mai 1914 à Maisnil (Pas-de-Calais)
Pris dans la rafle des 43 cheminots d'Arras arrêtés le 29 décembre 1943 à 4 h du matin.
Parti de la prison St Nicaise d'Arras le 13 avril 1944 pour Essen puis les camps de Esteregen et Gross-Rosen
Décédé en décembre 1944 à Gross-Rosen. (NN)
CORMIER Joseph
Cheminot,
demeurait 11 rue Walker, cité Ronville à Arras
Né le 1er juillet 1891 à St Senoux (Ile et Vilaine), fils de Pierre et de Judith Filly, allié à Dehay Blanche.
Transféré à la prison St Gilles de Bruxelles puis déporté le 24 mas 1944.
Présumé décédé lors du bombardement de la prison de Essen le 26 mars 1944.(NN)
CREPIN Hubert
Cheminot
Demeurait 82 rue avenue de la République à Beaurains
Né le 31 mars 1885 à Achiet-le-Petit
Pris lors de la rafle des 43 cheminots d'Arras le 29 décembre 1943 à 4 h du matin.
Transféré à la prison St Gilles de Bruxelles et déporté le 24 mars 1944.
Tué avec 20 autres déportés lors du bombardement de la gare d'Essen le 2 mars 1944( NN)
CUVELIER
Employé de mairie,
demeurait 27 rue de l’Egalité à Arras, cousin de Paul et Maurice Camphin
FTP entré dans l'illégalité, arrêté par la feldgendarmerie le 1er août 1944 à Vitry en Artois.
Détenu et torturé à la prison St Nicaise à Arras.
Transféré à la prison de Loos-les-Lille le 29 août 1944, et embarqué , juste avant la Libération, dans le « dernier train de Loos », pour le camp de Sachsenhausen puis transféré à Kochendorf, le 5 octobre 1944,
décédé le 20 mars 1945 au camp de Bergen-Belsen.
DARRAS Emile
Cheminot
Demeurait 50 rue du Labyrinthe cité du Petit Bapaume à Achicourt
Pris dans la rafle des 43 cheminots d'Arras arrêtés le 29 décembre 1943 à 4 h du matin.
Parti de la Prison St Gilles à Bruxelles le 24 mars 1944.
Décédé lors du bombardement de la prison d'Essen le 26 mars 1944 (NN)
DELIS Marcel
Ouvrier à l'Application électrique
Demeurait 70 rue Etienne Dolet à Achicourt
Né le 22 juillet 1907 à Arras
Parti de la prison St Gilles à Bruxelles le 24 mars 1944
Décédé le 9 février 1945 au camp de Gross-Rosen (NN)
DEPOORTERE Claire
Ouvrière de Bonneterie
Demeurait rue Ronville à Arras
Née dans le Cher en 1916, dans une famille de St-Nicolas les Arras alors réfugiée de guerre.
Epouse Dametz.
Arrêtée le 3 novembre 1943 elle fut inculpée de transport d' armes et d'hébergement de résistants, incarcérée à la prison de Cuincy et torturée.
Elle mourut dans sa cellule le 18 mai 1944 sous les coups ses bourreaux
DESAILLY Jean-Baptiste
Demeurait 69 rue du Gal Barbot à St-Laurent-Blangy
Né le 17 septembre 1911 à Loos-en-Gohelle
Parti de la prison St Gilles à Bruxelles le 24 mars 1943
Décédé lors du bombardement de la gare d'Essen le 26 mars 1944
DIEU Charles
Coiffeur
Demeurait 2 rue Thiers à Arras
Né le 28 mai 1900 à Roeux,
fils de Emile (cabaretier) et Marie Choquet (cabaretière), époux de Roaux Jeannne.
Parti de St Gilles le 24 mars 1944.
Décédé le 28 mars 1945 à Buchenwald. (NN)
DIEU Eugène
Demeurait rue de la Brasserie à Fampoux
Né le 3 mars 1890 à Fampoux
Parti le 4 avril 1944 de la prison de Loos à celle de St Gilles à Bruxelles puis en Silési
Décédé le 1er mars 1945 à Nordhausen (NN)
DUBOIS Jules
Ouvrier bonnetier
Demeurait à Agny
Né le 9 novembre 1907 à Agny
Déporté le 12 février 1944 de la prison St Gilles à Bruxelles
Déporté au camp de Gross-Rosen puis à Dora
Décédé à une date inconnue, probablement lors de l'évacuation du camp.(NN)
ETIENNE Jean
Cheminot
Demeurait 15 rue du Labyrinthe à Achicourt
né le 17 février 1899 à Camiers (Pas-de-Calais)
Pris dans la rafle des 43 cheminots d'Arras arrêtés le 29 décembre 1943 à 4 h du matin.
Déporté le 24 mars 1944 de la prison St Gilles à Bruxelles
Décédé dans la bombardement de la gare d'Essen le 26 mars 1944.(NN)
FRANCOIS André
Demeurait 53 rue de Bapaume à Arras
Né le 25 novembre 1905
LEGRAND Alfred
Demeurait rue de l'Espagne à Agny
Incarcéré à la prison de Cuincy
Décédé lors du bombardement de la gare d'Essen le 26 mars 1944
LEGRAND Philibert
Demeurait 154 cité des Fleurs à Arras
Né le 4 avril 1901 à Savy-Berlette
Parti de la prison St Gilles à Bruxelles le 13 mars 1943.
Décédé le 1er décembre 1944 à Gross-Rosen ( NN)
PAQUEREAU Jean-Baptiste
Salarié à l’Application électrique à Arras,
Demeurait 93 rue Méaulens à Arras
Né le 28 juillet 1984 à Gesté (Maine et Loire)
Parti de St Gilles le 24 mars 1944.
QUIDE Marcel Jules
Demeurait 17 rue des Trois Filloires à Arras
Né le 27 juin 1912 à Sus-St-Léger. Fils de Léon et Aline Wagon. Allié à Thermoz-Lorcière.
Parti de St Gilles, déporté le 13 avril 1944
Présumé décédé le 20 décembre 1944 au camp de Gross-Rosen (NN)
ROBAERT Edmond
Cheminot
Demeurait 48 rue du Labyrinthe à Achicourt
Pris dans la rafle des 43 cheminots d'Arras arrêtés le 29 décembre 1943 à 4 h du matin
Parti de la prison St Gilles à Bruxelles le 24 mars 1944
Décédé dans la bombardement de la gare d'Essen le 26 mars 1944
SELAME Michel
Demeurait 6 rue Anatole France à Achicourt
SIMON Charles
Demeurait 34 rue Stephenson à Arras
Né le 16 avril 1913 à Agny
Parti de St Gilles en mars 1944. Au camp de Gross-Rosen
Décédé en février 1945 (NN)
SOUART Edmond
Cheminot
Demeurait 4 rue du labyrinthe à Achicourt
Né le 15 novembre 1908 à Doullens (Somme)
Pris dans la rafle de 43 cheminots d'Arras arrêtés le 29 décembre 1943 à 4 h du matin
Parti de la prison St Gilles à Bruxelles le 24 mars 1944
Décédé dans le bombardement de la gare d'Essen le 26 mars 1944
VERGER Louis Marie Joseph
Demeurait 40 rue Emile Zola à Arras
Né le 15 janvier 1896 à St-Jont ( Mayenne).
Fils de Baptiste et de Clotilde Sandeau, époux de Flament Louis, briquetière.
Parti de la prison St Gilles à Bruxelles le 24 mars 1944.
Décédé le 11 décembre 1944 à Gross-Rosen (NN)
WARRET Berthe
Epouse de Jules Warret ouvrier mineur
Demeurait à Arras
Née à Barly le 6 juin 1904.
Agent de liaison des FTP du secteur Arras/Bapaume/ Hesdin elle transporte des armes et de la dynamite. Arrêtée le 27 août 1943 par la brigade des renseignements généraux d’Arras ainsi que sa fille Jeanne âgée de 20 ans. Incarcérées à Arras puis à Douai, elles sont toutes deux torturées. Condamnée à mort par le tribunal militaire d’Arras le 27 janvier 1944 elle est transférée au bagne pour femmes de Cottbus, puis à Berlin où elle sera décapitée le 1er septembre 1944, jour de la libération d’Arras.
Sa fille Jeanne déportée sera libérée en mai 1945 mais très affaiblie, elle mourra bientôt des suites de ses souffrances.
Quand la plaque sur le caveau des Fusillés au Cimetière d’Arras fut gravée on ignorait encore le sort de Berthe Warret.
Témoignages de rescapés
...Nous étions en gare de Mauthausen au petit matin par un temps froid et glacial et sous la neige. Au cours du voyage les SS nous avaient fait ôter nos vêtements qui furent triés dans un wagon prévu à cet effet. Ils nous firent descendre des wagons dans notre plus grande nudité. Nos vêtements jetés en tas épars sur la neige, c'est là qu'il nous fallut sous la menace de la trique des coups de crosse des SS et des morsures de leurs chiens, nous précipiter pour trouver de quoi nous vêtir. Pour arriver à la forteresse, nous dûmes marcher pieds nus à travers champs.
Un véritable calvaire.
Ceux qui tombaient exténués étaient aussitôt exécutés par les SS.
A la prison de Cuincy, avant le départ pour l'Allemagne, interrogatoire à coups de matraques et de coups de poing. A la deuxième séance de torture les bourreaux m'écrasent les jointures et pendant huit jours je n'ai pas pu me servir de mes mains , mangeant à la gamelle comme un chien. Transféré à St Nicaise à Arras nous étions 30 dans une cellule de 12 m sur 4. Un bidon vide de fuel servait de wc. Pour se laver une boîte de conserve.
Réveil à 4 h . Appel, contre-appel dans l'obscurité. Départ 5 h 30 pour la mine de sel avec l'encadrement des SS et de leurs chiens. Il y a moins 25 à moins 30 degrés. Le travail est continu par deux équipes de douze heures. La nourriture est réduite
à 125 g de pains-sciure et 20 g de margarine, extraite de la houille, une soupe à 13 h (mais il n'y a que 50 gamelles pour 100 hommes).
Faim ! Soif ! Sommeil et froid ! Nous avons supporté tout cela, mais le plus horrible, c'est le souvenir de ces milliers de d'hommes et de femmes tués comme des bêtes au bord de la route parce qu'il n'avaient plus la force de marcher.
Christian Lescureux