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Blog des Militants Communistes d'Arras

Blog de la section du Parti Communiste d'Arras. 14 avenue de l'hippodrome 62000 mail: arraspcf@gmail.com

Arras: Hommage à Jean Jaurès

Le 31 juillet 2014, les Arrageois ont rendu hommage à Jean Jaurès, pour les cent ans de sa disparition.

 Inviter par le PS arrageois, plus d'une vingtaine de communistes d"Arras étaient présents en hommage à l'homme qui fut assassiné par un extrémiste de droite en 1914.

le discours d'ouverture fut émis par le secrétaire du PS d'Arras, suivi d'une rétrospective de la vie de Jean Jaurès par un jeune historien arrageois, et pour finir cet hommage , discours de René Chevalier secrétaire de section PCF de l'Arrageois.

en voici le texte. 

Nous sommes le 25 juillet 1914. Jean Jaurès entame son ultime discours à Vaise, un quartier de Lyon.
Les relations diplomatiques entre l'Autriche et la Serbie viennent d'être rompues. Plus que jamais, il partage avec l'auditoire son inquiétude.
Pour lui, la paix est menacée, une guerre s'étendant à toute l'Europe va éclater.
Jaurès avait fait des dernières années de sa vie un combat quotidien contre la funeste mécanique qui allait accoucher de la Première Guerre mondiale et de son monceau de cadavres.
Il conjuguait l'ensemble de ses activités et de ses extraordinaires capacités intellectuelles pour combattre les logiques de guerre.
Quand beaucoup la croient encore improbable, d'autres dénoncent le péril à venir. Jean Jaurès sera un ultime espoir pacifiste au milieu des va-t-en-guerre.
Comme toujours, Jaurès fait œuvre d'éducation populaire, s'attachant à analyser et à détailler, auprès de son auditoire ouvrier, la terrible mécanique dont il pressent qu'elle va emmener l'Europe et l'humanité à la ruine.
« Jamais depuis quarante ans, commence-t-il, l'Europe n'a été dans une situation plus menaçante et plus tragique que celle où nous sommes ». Puis un peu plus loin dans son discours dixit « chaque peuple paraît à travers les rues de l'Europe avec sa petite torche à la main et maintenant voilà l'incendie ».
Il pointe la politique colonialiste et impérialiste des puissances européennes comme l'une des causes majeures du conflit.
Son discernement lui coûta la vie.
« Songez à ce que serait le désastre pour l'Europe » disait Jaurès, ce ne serait plus, comme dans les Balkans, une armée de trois cent mille hommes, mais quatre, cinq et six armées de deux millions d'hommes. Quel massacre, quelles ruines, quelle barbarie ! »
En lançant ce vibrant appel :
« Si la tempête éclatait, tous, nous socialistes, nous aurons le souci de nous sauver le plus tôt possible du crime que les dirigeants auront commis et, en attendant, s'il nous reste quelque chose, s'il nous reste des heures, nous redoublerons d'efforts pour prévenir la catastrophe ».
L'expérience terrible de cette barbarie allait définitivement semer le doute dans les consciences et scinder le mouvement socialiste.
Rien, plus rien ne sera comme avant.
Mais autour de lui la haine monte d'un cran.

Les menaces de mort, de Péguy à Daudet pleuvent sur sa personne pour l'unique raison qu'il se refuse à suivre la propagande nationaliste et recherche à chaque instant et avec bon nombre de ses amis membres de l'Internationale socialiste.
Les mots deviennent d'une violence inouïe comme ceux prononcés par Charles Peguy, écrivain : « Dès la déclaration de guerre, la première chose que nous ferons sera de fusiller Jaurès ».
Il y a cent ans, peu nombreux furent ceux qui, à l'instar de Jaurès, sentaient venir le terrible drame. L'humeur était alors de partir « la fleur au fusil » pour une guerre que les dirigeants politiques de l'époque et la presse bourgeoise annonçaient courte
Nous sommes à une autre époque, mais l'appât du gain, gains de territoire, gains financiers, ce que Jaurès appelait « les guerres des proies » ne sont pas moins menaçant.
Aux portes de l'Europe, en Ukraine, où s'affrontent de grandes puissances impérialistes pour le contrôle des ressources gazières et pétrolières avec la montée d'un nationalisme agressif et autoritaire.En Palestine où un peuple entier est privé du plus élémentaire de ses droits de disposer de ses terres et de son État. Où pleuvent les bombes sur un peuple prisonnier et emmuré ?

Dans la lointaine Asie où se reconstituent de puissantes armées pour le contrôle des eaux territoriales.
Dans ce Moyen-Orient ravagé par des guerres confessionnelles.
En Afrique, ce continent si riche pillé, par les grands groupes capitalistes et qui n'en finit pas de vivre au rythme des guerres interethniques.
L'idée d'un Proche et Moyen-Orient totalement dénucléarisé devraient être portées avec force.
Le monde, aujourd'hui, vacille. Le développement brutal d'un capitalisme de plus en plus financiarisé continue de porter cette nuée qui, pour reprendre les mots de Jaurès, menace de se transformer en un terrible orage.
Jaurès nous donne dans le discours de Vaise la seule piste de réflexion qui vaille.
« Il n'y a plus, au moment où nous sommes menacés de meurtre et de sauvagerie, qu'une chance pour le maintien de la paix et le salut de la civilisation, » dit-il.
Profondément pacifiste, Jean Jaurès était conscient des menaces qui pesaient sur lui ce 31 juillet 1914, au moment où un militant d'extrême droite endoctriné par la propagande nationaliste et monarchiste lui tira une balle en pleine tête, trois jours seulement avant le début de la Première Guerre mondiale.

 

Jean Jaurès n’est pas seulement une figure légendaire, un symbole, c’est aussi et surtout un homme en prise directe avec la réalité du monde du travail. Son engagement au cœur de la grève des mines de Carmaux en 1892 en est l’illustration. C’est à travers ce conflit qu’il va se convertir au socialisme. Jouant un rôle primordial dans la défense des grévistes, il va assurer la mobilisation de l’opinion publique tout en devenant l’interlocuteur privilégié des ouvriers dans le combat redoutable qu’ils ont engagé. En 1893 et à leur demande, il deviendra député socialiste de Carmaux.

 

Jean Jaurès était avant tout partisan des plus faibles. Il fera sienne la défense d’Albert Dreyfus en devenant l’artisan de la révision de cette affaire et dénoncera la parodie de justice rendue par les magistrats autour de ce procès.

 

Le courage, c’est de chercher la vérité et de la dire

 

(J. Jaurès)

 

En 1904, il fondera le journal l’Humanité.

Après la scission de 1920, ce quotidien deviendra l’organe central du Parti communiste français, un des leviers de la lutte révolutionnaire contre le capitalisme. C’est à ce jour, l’un des rares médias d’opinion et il est le seul porteur d’idées de gauche en France.

 

« La grande cause socialiste et prolétarienne n’a besoin ni du mensonge, ni du demi-mensonge, ni des informations tendancieuses, ni des nouvelles forcées ou tronquées, ni des procédés obliques ou calomnieux. Elle n’a besoin ni qu’on diminue ou rabaisse injustement les adversaires, ni qu’on mutile les faits. Il n’y a que les classes en décadence qui ont peur de toute la vérité. »

 

Extrait de l’éditorial du premier numéro de l’Humanité (18 avril 1904)

 

Il va participer activement à la fusion des deux partis socialistes français donnant naissance à la SFIO (Section française de l'internationale ouvrière) tout comme il contribuera à développer l'unité ouvrière à travers le syndicat CGT.

Malgré les controverses, pour des raisons de nécessité nationale, Jean Jaurès va tout mettre en œuvre pour faire approuver la loi de 1905 relative à la séparation de l'Église et de l'État donnant naissance à la laïcité.

Sa grande éloquence a profondément marqué ses contemporains. En humaniste visionnaire, il a défendu jusqu'au bout ses convictions. Aujourd'hui passé à la postérité, il repose au Panthéon, aux côtés de personnages illustres tels que Voltaire, Victor Hugo, Jean Moulin, Émile Zola...

Depuis sa disparition, Jean Jaurès n'a jamais cessé d'inspirer les hommes politiques de tout bord. La puissance de son verbe était telle que beaucoup cherchent aujourd'hui à l'instrumentaliser.
Mais il faut se souvenir que les idées qu'il défendait, leur essence même appartiennent indiscutablement à la pensée marxiste et progressiste.

Beaucoup d'hommes politiques actuels se disputent l'héritage de Jaurès, mais appartiennent, il a l'homme qui écrivit en 1904 dans « histoire socialiste de la France de 1789 à 1900 ».
« Je suis avec Robespierre, et c'est à côté de lui que je vais m'asseoir aux Jacobins. Oui, je suis avec lui parce qu'il a à ce moment toute l'ampleur de la Révolution ».

« Or, c'est maintenant la politique de Robespierre. Babeuf, le communiste Babeuf, votre maître et le mien, celui qui a fondé en notre pays, non pas seulement la doctrine socialiste, mais surtout la politique socialiste ».
Avis à toute celle est ceux qui se revendiquent d'être adeptes de Jaurès.

Il disait du capitalisme de l'époque : « Le capitalisme porte en lui la guerre comme la nuée porte l'orage ». Et que porte donc le libéralisme, aujourd'hui en 2014, si ce n'est, à nouveau, une absence totale de repères, une décote humaine sans précédent, des replis identitaires, et la montée des néo populismes et de l'extrême droite sur l'ensemble du Vieux Continent ?

L'histoire ne se répète pas à l'identique, mais elle peut bien souvent bégayer. Faisons en sorte, par notre vigilance, par le devoir de transmission, et par nos engagements citoyens, d'en changer le cours, avant qu'il ne soit trop tard.

Arras: Hommage à Jean Jaurès
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