Selon un traité de vingt ans « d'amitié et d'alliance » avec l'Angleterre, en 1953 le roi Idris, en échange d'aide
financière et militaire, a donné aux Britanniques l'usage de bases aériennes, navales et terrestres en Cyrénaïque et en Tripolitania. Un accord semblable a été conclu en 1954 avec les
États-Unis, qui ont obtenu l'usage de la base aérienne de Wheelus, à l'extérieur de Tripoli. Elle est devenue la principale base aérienne américaine dans la Méditerranée. De plus, les
États-Unis et l'Angleterre étaient en mesure d'utiliser les aires de tir en Libye pour leur aviation militaire. Avec l'Italie, le roi Idris a conclu en 1956 un accord qui non seulement
dégageait l'Italie de tous les dommages à la Libye, mais permettait à la communauté italienne de Tripoli de conserver ses actifs intacts.
La Libye est devenue encore plus importante pour les États-Unis et la Grande-Bretagne lorsque, à la fin de 1956, la
compagnie Esso (ExxonMobil) des États-Unis a confirmé l'existence de grands champs pétroliers et que d'autres ont été bientôt découverts. Les grandes compagnies, comme Esso des États-Unis
et British Petroleum de Grande-Bretagne, ont obtenu des concessions avantageuses qui assuraient leur contrôle et le gros des profits du pétrole de la Libye. La compagnie italienne Eni a
aussi obtenu deux concessions, par le biais de Agip. Pour un meilleurs contrôle, la forme fédérale de gouvernement a été abolie en 1963, éliminant les régions historiques de Cyrénaïque,
Tripolinia et Fezzan.
Les protestations des nationalistes libyens, qui accusaient le roi Idris de vendre le pays, ont été étouffées par la
répression policière. La rébellion a cependant grandi, particulièrement au sein des forces armées. Un coup d'État en a résulté – dont le chef était Mouammar Khadafi – mené sans effusion
de sang en 1969 par seulement 50 officiers qui s'appelaient les « Officiers libres », suivant le modèle de Nasser.
Avec l'abolition de la monarchie, la République de Libye a forcé en 1970 les forces américaines et Britanniques à
évacuer leurs bases militaires et, l'année suivante, elle a nationalisé les propriétés détenues par British Petroleum et forcé d'autres compagnies à payer à l'État libyen une part
beaucoup plus élevée de leurs profits.
La propagande de 1911
Le drapeau du roi Idris, qui flotte de nouveau maintenant sur la guerre civile en Libye, est la bannière de ceux qui,
en manipulant la lutte de ceux qui combattent réellement pour la démocratie contre le régime de Khadafi, veulent ramener la Libye sous le contrôle des puissances qui la dominaient avant.
Ces forces dirigées par les États-Unis se préparent à atterrir en Libye sous le prétexte de « maintien de la paix ». Pendant ce temps, de concert avec le Pentagone, le ministre italien de
la Défense, Ignacio La Russa, a annoncé que des avions militaires partiraient de Sigonella (en Sicile) pour aller se poser en Libye « dans un but purement humanitaire ». La même «
intervention humanitaire » que les pacifistes et ceux qui agitent le drapeau du roi Idris demandent « de façon urgente ». Mais ils oublient l'histoire. Ils doivent se rappeler qu'il y a
un siècle, en 1911, l'occupation de la Libye par l'Italie, préparée par une propagande incessante, était appuyée par la majorité de l'opinion publique. On chantait alors dans les
cabarets: « Tripoli, chant d'une terre d'amour, viens là où coule le sirop. » Les époques changent ; on parle maintenant du « grondement des fusils ».
(Traduit de l'Italien par John Catalinotto. Traduit de l'anglais par LML)