Malgré l'avarice de la presse régionale qui n'a pas pensé bon de relater avec autant d'éclat le meeting du Front de Gauche que celui d'Europe écologie qui a mobilisé
environ 150 personnes à Lens, ce rassemblement des communistes et de leurs partenaires au coeur de la capitale de l'ex-bassin minier fait figure d'évènement politique dans la Région.
Au-delà de constater que le meeting fait salle comble, sur la scène on retrouve les 43 candidats de la liste "l'humain d'abord" pour le Pas-de-Calais mais aussi Jacky Hénin, député
européen et tête de liste pour le collège du Pas-de-Calais, Marc Dolez, député du Nord et co-fondateur du Parti de Gauche, Alain Bruneel, Maire de Leuwarde et Président du Groupe
Communiste et Républicain au Conseil Régional, Alain Bocquet, notre tête de liste et député-maire de Saint-Amand les eaux, Nicole Taquet-Leroy, la responsable régionale de Gauche
Unitaire (Ex-LCR) et un invité d'exception, Maître Fiodor Rilov, avocat spécialisé dans le droit salarial, héros pour nombre de salariés de Sublistatic, d'Energy plast et d'autres
enseignes tristement célèbres dans le secteur d'Hénin Beaumont.Grace à sa pugnacité, son expérience et sa présence quotidienne sur les sites concernés aux côtés des salariés, il a réussi devant
divers tribunaux à condamner tous ces groupes qui ont plongé des centaines de familles du département dans la spirale infernale des délocalisations et du chômage. Soulignons ses nobles paroles
lors du meeting qu'il a eu l'occasion d'introduire: "Merci pour cet accueil chaleureux mais ça n'est pas moi qu'il faut applaudir, ce sont eux, ces salariés qui sont à mes côtés et qui ont
mené la bataille au quotidien contre l'injustice". Ces quelques mots ont suffit pour que la salle se lève de nouveau pour saluer par une salve d'applaudissements ces salariés courageux,
héroïques, qui ont activement mené la lutte des classes. N'ayons pas peur des mots, ils ne sont d'ailleurs que des mots. Quand Total qui engrange plus de 9 millards d'euros de bénéfices annonce
la fermeture de sa raffinerie dunkerquoise qui concerne plus de 300 salariés et 40% de l'activité du port de Dunkerque, on peut sans retenue parler de lutte de classes. Il y a des intérêts
divergents à défendre entre le travail et le capital.
C'est ensuite à Alain Bruneel de prendre la parole pour défendre le bilan du groupe communiste et Républicain sur le mandat qui s'achève et d'expliquer dans quel état d'esprit la liste "l'humain d'abord" envisage le scrutin à
venir. Des mots rassurants, optimistes et volontairement tatillons concernant le positionnement des élus socialistes de la Région pas toujours à la pointe de la résistance face à la vague
libérale des eaux troubles du palais de l'Elysée. Les orateurs se succèderont ensuite. Marc Dolez, Nicole Taquet, Laurence Sauvage et bien entendu Jacky Hénin, qui, à la tribune et avec la fougue
qu'on lui connait, a cloturé son propos sous une pluie d'applaudissements de centaines de camarades remontés à bloc.
C'est enfin au tour d'Alain Bocquet de s'avancer vers le pupitre, de sortir ses quelques notes, de regarder la salle et de se lancer à l'eau. La méthode Bocquet est de retour. Un propos nourrit
de nombreux chiffres et de brèves journalistiques issues de canards aussi différents que Le Monde, les échos, le Figaro, Challenge....Les meilleurs arguments pour dénoncer le capitalisme
libéralisé et ses manoeuvres ostentatoires résident dans les pages des journaux et autres revues de droite. Le début est toujours un peu difficile. Les nombreux chiffres et la technicité du
propos nous obligent à écouter avec sagesse pour ne rien manquer de chaque déroulé d'un raisonnement. Et puis d'un coup c'est l'évidence: les messages politiques fusent les uns après les autres,
tout cela dans une mécanique minutieusement huilée faite de cynisme, d'expressions dont lui seul à le secret et de philosophie marxiste.
Mais si Bocquet était un de ces contestaires sans substance,
il n'aurait sans doute pas la réputation qu'on lui connait. Après avoir expliqué, détaillé et désacralisé les mythes les plus improbables de la droite au pouvoir et du système capitaliste
financiarisé en général tel le mensonge sur les retraites, il enchaîne sur une offre politique cohérente et foncièrement novatrice. Ce qui est plaisant pour un militant communiste, c'est de voir
la transformation entre une idée générale qui est une des bases de notre engagement au PCF, et une proposition politique tout a fait réaliste et pragmatique. C'est ce qu'on peut appeller
familièrement la méthode Bocquet.
Après un long mais passionnant discours, l'Internationale fait lever la salle et les poings une dernière fois. Puis c'est au tour de La Marseillaise de retentir. La grande famille communiste héritière des mineurs et des salariés du rail,
de la sidérurgie et du textile était donc rassemblée, unie et fortement mobilisée en cette soirée de 4 février 2010. L'essai doit mantenant être transformé et de longues semaines de mobilisation
de terrain nous attendent encore pour faire en sorte qu'un maximum d'élus de la liste "l'humain d'abord" puissent sièger au Conseil Régional et ainsi faire retentir au coeur de l'hémicycle
régional la voix du monde du travail, de la création et de la culture.