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Blog des Militants Communistes d'Arras

Blog de la section du Parti Communiste d'Arras. 14 avenue de l'hippodrome 62000 mail: arraspcf@gmail.com

IL Y A 90 ANS NAISSAIT LA JEUNESSE COMMUNISTE DE FRANCE (5/10)

rubon331.jpg Le temps de l’Union de la jeunesse républicaine de France (1945-1956)

De cette période héroïque de la Résistance, la J.C. sort affaiblie car elle a perdu nombre de cadres au combat mais son écho est allé croissant et elle compte en 1944 92 000 membres, le chiffre le plus important jusqu’alors. Pour amplifier encore cette dynamique et construire un grand mouvement de rassemblement des forces juvéniles de la Résistance, la J.C. décide de se fondre dans une nouvelle grande organisation de jeunesse visant au rassemblement le plus large : l’Union de la jeunesse républicaine de France. Assez vite, elle compte 250 000 membres, ce qui fait d’elle la plus grande organisation de jeunesse de l’histoire de France.

Renouant avec les logiques du Front populaire, l’U.J.R.F., sans en rabattre sur les exigences de lutte, se fait pleinement mouvement d’éducation populaire et de distraction : championnats de football, balades en mer, sorties au théâtre…

Parallèlement, les revendications ne faiblissent pas : application aux jeunes du principe « à travail égal, salaire égal », réduction de l’âge du droit de vote et d’éligibilité… Sur ce dernier point, Léo Figuères, dirigeant de l’U.J.R.F. et député à l’Assemblée constituante (qui donnera naissance à la IVe république), obtient partiellement gain de cause et réussit à faire baisser l’âge requis pour être élu et pour voter. Sur les abattements de salaire imposés aux jeunes, l’U.J.R.F. obtiendra également des avancées au cours de la période, parmi d’autres conquêtes sociales concernant les jeunes. L’U.J.R.F. participe également pleinement aux grands mouvements sociaux de l’époque. C’est ainsi qu’à l’automne 1947, Vincent Voulant, jeune membre de l’U.J.R.F., en prenant part au grand mouvement national de mobilisation sociale, perd la vie.

Au-delà de ces revendications, l’U.J.R.F. est amenée à réagir aux changements brutaux d’un monde qui bouge beaucoup. Face au peuple vietnamien bien décidé à ne plus tolérer ses chaînes, le gouvernement français choisit l’affrontement : c’est la guerre d’Indochine. L’U.J.R.F. se mobilise, non sans danger puisqu’il s’agit de braver les autorités militaires françaises : L’Avant-Garde, les tracts, les affiches, les papillons distribués dans les rues et dans les casernes jouent à nouveau un grand rôle.

HENRI-MARTIN2-08eff.jpgLes actes les plus audacieux côtoient les plus simples (mais pas forcément les moins efficaces) : la jeune Raymonde Dien s’allonge sur les rails pour empêcher les trains de partir pour l’Indochine ; Henri Martin, jeune ancien résistant et militant de l’U.J.R.F., distribue des tracts. Ce geste (presque) anodin ne l’empêche pas d’être arrêté au printemps 1950. S’ensuivra une des plus intenses campagnes du XXe siècle, c’est l’Affaire Henri Martin. Accusé de choses plus grotesques les unes que les autres par le pouvoir en place (sabotage d’un navire de guerre avec une poignée de clous…), Henri Martin subit en réalité un procès politique des plus caricaturaux. Il est condamné et emprisonné sans preuve (et pour cause, il est innocent !). Le Mouvement communiste s’empare de l’affaire et L’Humanité comme L’Avant-Garde multiplient les articles et les unes. Vite, le mouvement quitte la sphère proprement communiste et gagne, notamment, tout le monde intellectuel, communiste ou non : Jean-Paul Sartre écrit un retentissant ouvrage sur l’Affaire Henri Martin, Jacques Prévert écrit un poème, Paul Eluard fait de même, Pablo Picasso, Fernand Léger, Jean Lurçat, André Fougeron immortalisent à leur tour la figure d’Henri Martin… Une pièce de théâtre est montée par la troupe de l’U.J.R.F. (Drame à Toulon) ; elle tourne pendant deux ans (de 1951 à 1953, quand Henri Martin est en prison) et est vue par plus de 200 000 spectateurs.

Pour défendre le droit à l’indépendance des Vietnamiens et des peuples opprimés par l’impérialisme, le Mouvement communiste reste pourtant bien seul en France ; il en est d’autant plus déterminé et les procès suivent proportionnellement : L’Avant-Garde est poursuivie, dans toute la France, des militants sont inquiétés. Lorsque le 28 mai 1952, le général américain Ridgway, accusé d’utiliser des armes bactériologiques contre les Coréens, vient en France, une grande manifestation est organisée par le Mouvement communiste. L’U.J.R.F. y tient une place de premier plan. A la suite de cette violente manifestation (plusieurs n’en reviendront jamais), le gouvernement trouve là le prétexte pour tenter de décapiter le Mouvement progressiste : Jacques Duclos, n°2 du P.C.F. (mais, de fait, n°1 puisque Maurice Thorez, malade, est soigné en U.R.S.S.) est arrêté, tout comme Alain Le Léap de la C.G.T. ou encore André Stil, rédacteur en chef de L’Humanité. Côté U.J.R.F., la quasi-totalité du bureau national est condamné à des peines de prison ferme. Ses principaux dirigeants sont incarcérés : Guy Ducoloné, secrétaire général, Louis Baillot, secrétaire de la fédération de Paris, Jean Meunier, rédacteur en chef de L’Avant-Garde ou encore Paul Laurent (futur secrétaire général, en 1955). D’autres sont contraints à la clandestinité ou à l’exil, à l’image de Robert Gerber « coincé » dans les pays socialistes qui, pour l’aider à se déplacer sans être repéré par les services français, lui fournissent de faux papiers…

51_jmjcomm2.JPEGCette période de l’après-guerre est également marquée par la création de la Fédération mondiale de la jeunesse démocratique en octobre 1945 pour rassembler toutes les organisations de jeunesse progressistes du monde. Dirigée par des Français (membres de l’U.J.R.F.), Guy de Boysson (1945-1950) puis Jacques Denis après 1950, la F.M.J.D. mène de nombreuses initiatives importantes parmi lesquelles, tous les ans, l’organisation de la journée internationale contre le colonialisme. Sa principale activité, toutefois, demeure le Festival mondial de la jeunesse et des étudiants. Sa première édition, en 1947, à Prague réunit des dizaines de milliers de participants de par le monde, dont 4 000 jeunes Français (principalement de l’U.J.R.F. mais aussi de la C.G.T. ou de la Ligue de l’enseignement). L’organisation de jeunesse française s’illustre le plus souvent par la richesse de sa délégation culturelle : foulards dessinés par Picasso, etc. Les festivals mondiaux sont des événements de très grand retentissement. Le plus grand de ceux-ci fut celui de Berlin, organisé en 1951, rassemblant plus d’un million de jeunes du monde entier. C’est encore à ce jour le plus grand rassemblement de jeunes jamais tenu.

Cette histoire de combats qui est celle de l’U.J.R.F. fut aussi celle d’un rapide étiolement du fait d’une contradiction liée à la guerre froide. Organisation de rassemblement, elle est prise à revers par la guerre froide qui n’est pas une époque où les rassemblements se font aisément… Assez vite, ses effectifs s’effondrent pour se stabiliser autour de 30 000.

 

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