10 Avril 2007
C’était annoncé comme une commémoration sous le signe de la Paix et, plus discrètement, comme une excellente opération de promotion des atouts touristiques d’Arras et des sites militaires de l’Artois
Mais le jour venu, si le second objectif était visiblement atteint (et les hôtels- restaurants pris d’assaut) les grandes envolées sur la paix ont brusquement laissé place aux sempiternels discours sur la victoire, en 14-18, de la liberté et de nos valeurs éternelles.
On n’honorait plus que les morts d’un seul camp, sous-entendu contre les barbares d’en face.
Voilà que l’épouvantable boucherie de la grande Guerre retrouvait toute sa justification.
Oubliées les adjurations de Jaurès appelant les peuples français et allemands à ne pas se laisser entraîner derrière les intérêts sordides des marchands de canons.
« Les héros de Vimy sont morts pour défendre des valeurs qui depuis n’ont cessé de nous unir » a osé déclarer De Villepin.
Et à l’église St Nicolas d’Arras lors de la cérémonie oecuménique du jour de Pâques on a voulu se remémorer
« Ceux qui ont combattu pour la défense de la liberté, de la dignité humaine et de la civilisation ».
C’est aussi au nom de « la défense de civilisation » que Bush a mis l’Irak à feu et à sang et prétend dicter sa loi à la planète. .
Ces sermons du haut de la chaire pour envoyer des innocents des deux côtés de la frontière se massacrer mutuellement nous rappellent le rôle de l’église en ces circonstances et un épisode de la bataille de Vimy publié à Arras dans le « Courrier du Pas de Calais » peu après la Grande Guerre :
« Lors d’un dîner, quelque part en arrière du front, non loin de la crête de Vimy, on s’inquiète de ce que les régiments noirs sont démobilisés.
Monseigneur l’évêque AUGOUARD, qui participe à la conversation, affirme qu’il suffirait de peu de choses pour arranger ça.
-« Voulez vous aller parler aux nègres » lui demande aussitôt CLEMENCEAU qui se trouve à la même table
Monseigneur accepte et part au front .
Huit jours plus tard les noirs se faisaient admirablement tuer à la prise de Vimy et leur régiment était cité à l’ordre.
Et le journaliste ajoute : « Monseigneur qui avait demandé cette citation eut plus de peine à l’obtenir des chefs qu’il n’en avait eu à obtenir des noirs de mourir pour la France ».
C.L.
.