Depuis toujours, le combat de Georges Abdallah est inséparable de celui pour la cause palestinienne. Il la découvre dans le nord du Liban où il est né, à Kobeyat, et où il verra se former les camps de réfugiés chassés après la Nakba. Devenu enseignant, il exerce auprès d’une population démunie de tout en s’y dévouant totalement, et se forge ce qu’à l’époque on nomme une conscience de classe. Il choisit de partager la vie des Palestiniens en s’installant dans le camp de Nahar El-Bared, près de Tripoli. Très vite, il rejoint le Front populaire de libération de la Palestine (FPLP), puis se déplacera au sud lors de l’invasion israélienne, et sera blessé en 1978. C’est la traversée de la guerre civile libanaise, dont l’apogée à Beyrouth fait plus de 25 000 morts. En août 1982, 10 000 fedayin quittent le Liban, abandonnant la population à la droite libanaise soutenue par Israël qui allait conduire au massacre de Sabra et Chatila.
Georges Abdallah se détache alors du FPLP pour fonder les Fractions armées révolutionnaires libanaises (FARL), persuadé qu’il faut porter le combat au cœur des métropoles impérialistes pour défaire l’étau criminel qui broie les peuples du Proche-Orient. Cette option veut aussi placer la gauche européenne devant ses responsabilités et rencontrera une certaine adhésion, puisque de nombreux groupes engagés dans la lutte armée en Allemagne, en Italie, en France, en Belgique et au Japon afficheront leur soutien à la résistance palestinienne.
Toujours détenu à la maison d’arrêt de Lannemezan, dans les Hautes-Pyrénées, où des manifestations régulièrement organisées pour sa libération viennent lui rappeler qu’il n’est pas seul, Georges Abdallah paie le prix fort d’un combat politique qui a changé d’échelle et de règles. Montrer à l’opinion publique qu’il a plus que payé de manière disproportionnée son engagement, replacer son combat et celui des siens dans la continuité de la lutte pour la libération de la Palestine était une nécessité.