COVID-19: Le canard Enchainé: La grande masquarade

LE TRÉSOR de guerre était planqué dans deux hangars de Marolles (Marne).  La semaine dernière, Matignon a découvert que Santé publique France gardait au chaud 56 millions de masques FFP2 et plus de 80 millions de masques FFP1. 

Un stock stratégique constitué au début des années 2000. La date de péremption de ces masques est passée, mais ils ont été « reclasses », c'est-à-dire jugés d'un niveau de protection équivalent à celui des masques grand public, comme le mentionne, dans une note du 3 mai.

la cellule interministérielle de crise : « épurement du stock de Maroilles et diffusion d’une note d'emploi de ces masques reclassés au profit des préfets ».

Ennuis de Chine

Pourquoi ce trésor n'a-t-il pas été déterré Plus tôt ? 

D'abord à cause du cafouillage sur l’utilité du port du masque – « aucun intérêt pour le grand public », déclarait Jérôme Salomon le 4 mars. Ensuite parce que les patrons de Santé publique France ont joué les cachottiers. 

Cette manne inespérée ne suffira pas à répondre à la demande. 

Selon une note de Matignon, depuis le 29 mars et la mise en place d'un pont aérien, 216,9 millions de masques, dont 20,3 millions de FFP2, ont été importés de Chine. Tous déjà distribués.D'après un haut fonctionnaire du ministère de la Santé, il en faudra « au moins autant jusqu'au 1^er juillet ».

Ces derniers temps, l'approvisionnement est chaotique. Craignant un rebond de l'épidémie, Pékin laisse partir moins volontiers les masques produits sur son sol.

Résultat ? Comme l’a avoué Véran au « Parisien » ( 3/5), pas sûr qu'il y ait assez de masques pour tout le monde le 11 mai. 

En Ile-de-France, où il va falloir équiper 5 millions d'usagers des transports en commun, les 15 sites de fabrication ne fournissent que 700 000 masques par semaine.

Soucieux de limiter la casse, le ministère de la Santé, dans un projet de circulaire, demande aux préfets d’ « encourager les élus locaux à acquérir le nombre de masques correspondant a leurs besoins propres » - avec une aide de l'État « à hauteur de 50 %, dans la limite d'un prix de référence », si cet achat a été conclu entre le 13 avril et le 1^er juin.

On manque de masques ou on masque des manques ?