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Blog des Militants Communistes d'Arras

Blog de la section du Parti Communiste d'Arras. 14 avenue de l'hippodrome 62000 mail: arraspcf@gmail.com

JDD: du sang, de la sueur, et des larmes

JDD: du sang, de la sueur, et des larmes

Préparer les Français à une épreuve encore plus dure que prévu sans pour autant verser dans le défaitisme : telle est l’équation délicate qui s’impose à Emmanuel Macron dans la prépa­ration de son allocution télévisée prévue pour demain soir juste après 20 heures. Selon les témoi­gnages et confidences recueillis au sommet de l’État, le Président semble déterminé à demander des efforts supplémentaires face à l’épidémie qui ne faiblit pas. 

« Ceux qui s’attendent à une perspective de sortie de crise vont être déçus, confiait hier au JDD) un membre haut placé de l’exécutif. Ce sera plutôt un discours churchillien. »

 

Comprendre: « du sang, de la sueur, et des larmes » version Covid-19. Dans cette troisième adresse officielle en un mois, Macron devrait tout à la fois entériner la prolongation du confi­nement général au-delà des deux semaines envisagées (« peut-être jusqu'à la fin mai, au moins jusqu'au 15 », selon une source proche de l’Élysée); réaffirmer la nécessité impérieuse de limiter les dépla­cements à l’intérieur comme vers l’extérieur du pays; renvoyer la réouverture des écoles au mois de septembre ; et tempérer les ardeurs de ceux qui attendent déjà une relance progressive de l’économie.

 

Pour préparer son discours, il s’est entretenu ou doit s’entretenir avec des dirigeants étrangers, des scientifiques et des personnalités politiques, dont François Hollande, Nicolas Sarkozy, François Bayrou et, hier, Jean-Pierre Chevènement. « Son propos doit être grave et sévère, général et concret, confie un de ses interlocuteurs habituels. 

« À ce stade, on n’en est pas à envisager la sortie de crise mais à bien faire comprendre à tout le monde que le plus dur est devant nous. »

 

Ses consultations de la semaine ont convaincu le chef de l’État de réaffirmer et même d’ampli­fier l'exigence du confinement, qui selon les experts commence à produire des effets contre la maladie. Vendredi, le directeur de l’OMS (que Macron avait eu au téléphoner avant- veille) a lancé une mise en garde explicite aux gouvernements: 

« Lever les res­trictions trop rapidement pourrait entraîner une résurgence mor­telle de la pandémie.» En écho, le conseil scientifique formé depuis l'irruption du coronavirus a indiqué cette semaine avoir recommandé au gouvernement d’aller au-delà des six semaines de confinement préconisées au départ. Sans toutefois s’avancer sur une date.

 

II n'y aura sans doute pas de rentrée des classes avant septembre

 

En Chine, le confinement aura duré deux mois et demi - sans exclure une reprise si l’épidé­mie réaccélérait. 

Le président du Conseil italien vient de reporter au 2 mai la fin du confinement  commencé le 9 mars, et son homo­logue espagnol a prolongé l’état d’urgence jusqu'au 10 mai. 

À en croire plusieurs initiés, Macron devrait aller encore plus loin. « Plutôt que de prolonger tous les quinze jours, il est peut-être plus raisonnable de donner une échéance lointaine, quitte à la raccourcir si les choses s’améliorent », analyse un poids lourd de la majorité. « Il ne faut pas que ses appari­tions à la télévision deviennent un supplice chinois pour les Français », renchérit un de ceux qui parlent régulièrement avec lui.

 

Vendredi, durant l’audiocon­férence qu'Édouard Philippe a tenue avec les présidents des deux chambres et les chefs des groupes parlementaires, le président de l’Assemblée, Richard Ferrand, macroniste du premier cercle, a ouvert la voie à un rallongement important du confinement en sou­lignant les dangers du calendrier. « Le mois de mai, c’est une série de dates qui favorise les rassemble­ments, a expliqué Ferrand, selon l'un des participants.

 

Comment imaginer qu'on maintienne les manifestations du 1er Mai ? Puis les cérémonies du 8 Mai, où les anciens se regroupent devant les monuments aux morts ? Et puis il y a l’Ascension, avec les RTT et les week-ends prolongés. Laisser faire cela serait irresponsable. » Personne n’a objecté.

 

Si le Président fait sien cet argument, l’une des difficultés de son intervention de demain sera de susciter l'adhésion. « Sur les deux tiers du territoire, nos concitoyens ne se sentent pas - ou peu – concernés parce qu’ils n'ont pas de malades autour d'eux, observe un conseiller. Ils ne voient pas  pourquoi ils doivent rester chez eux sans pouvoir travail­ler. Il faut leur faire comprendre que tout le monde est concerné. » Ma­cron. dit-on, a été impressionné par les prévisions des médecins pour l’Italie et leurs annonces d’une « deuxième vague inéluctable» en France. 

 

Le plan de secours à l'économie préparé à Bercy ces derniers jours est déjà caduc

 

Tout le monde l’a noté : les autorités sanitaires ne parlent plus de « pic » pour qualifier le point le plus élevé de la contamination mais de « plateau »...

 

« Ce n'est pas le moment de relâcher nos efforts », a-t-il glissé à l’un de ses interlocuteurs. Il aurait pu ajouter, comme lors de sa dernière allocution : « Quoi qu’il en coûte. » Car le durcisse­ment annoncé aura des consé­quences en cascade. 

D’abord, aucun relâchement sécuritaire n’est en vue : contrôles de police, autorisations de sortie et sanctions aux contrevenants ne seront pas assouplis. 

Là encore, l’idée serait plutôt d’en rajouter. Lors de sa conférence téléphonique avec les partenaires sociaux, vendredi, il a évoqué une « fermeture des frontières de la zone Schengen jusqu'en septembre ».

 

En clair: des contrôles accrus sur les entrées et les sorties aux portes de l’Europe pour empêcher tout nouvel afflux de personnes contaminées. 

 

Cette limitation peut-elle concerner les déplace­ments internes à l’Europe ?

 

 « Le Président n'a parlé que des frontières de Schengen, mais il semblait clair que son propos visait aussi la circulation entre nos pays », assure un des participants à la réunion. 

 

Déjà, l’Espagne envisage de se calfeutrer pour dissuader les tou­ristes. Or la France est la première destination du monde; il serait logique qu’elle en fasse autant.

 

Ensuite, il n’y aura vraisem­blablement pas de rentrée des classes avant l’été, donc pas avant septembre. En tout cas pour les écoles primaires et maternelles, dont les élèves ne peuvent se plier aux fameuses « mesures barrière ». 

 

De source gouverne­mentale, on indique que « le plus probable est un report généralisé à la fin de l'été ». des petites classes jusqu’aux universités - d’autant que l’annulation des épreuves du bac est déjà actée. 

Idem pour les élections municipales: maintenu in extremis dans des conditions baroques, le scrutin reste à termi­ner dans quelques 5000 communes. 

Edouard Philippe est censé tran­cher le 22 mai, mais plus personne n’envisage la tenue d’un second tour avant l’automne.

 

Autre effet mécanique : le plan de secours à l’économie préparé à Bercy ces derniers jours est déjà caduc. Le budget rectificatif établi par Bruno Le Maire et (Gerald Darmanin qui sera pré­senté mercredi au Conseil des ministres a été conçu pour un confinement de six semaines. Dès lors que les restrictions vont dépasser la fin avril. « il va falloir en rajouter ». conclut un conseiller. 

Dans sa mou­ture actuelle, le projet prévoit 100 milliards d'euros d'aides. Sachant qu’un mois de confi­nement représente 75 milliards d'euros de perte de recettes pour l'économie, ce montant (qui n’inclut pas les mesures de soutien aux entreprises) sera dépassé. 

 

A fortiori si le déconfi­nement - quand il viendra - est très progressif. «Au moins, les tuyaux seront posés, il suffira d’augmenter le débit », relati­vise-t-on à Bercy. Et si Macron décidait la nationalisation de grandes entreprises en péril, « le dispositif est prêt ».

 

Mais la dégradation de la situation économique, ressen­tie par un nombre croissant de Français, ne peut qu’aggraver le climat et renforcer l’envie d'un retour à la normale. Huit mil­lions de salariés sont désormais au chômage partiel, leur indem­nisation coûte à l’État près de 1 milliard d’euros par jour... Face à de tels chiffres, Macron devra trouver les bons mots. « Avec un pareil casse-tête, ne vous attendez-pas à ce qu’il fasse court », s'efforce de sourire un conseiller.

Les vingt minutes habituelles ne seront pas de trop.

 

 

 

 

 

 

 

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