29 Avril 2020
Chair à canon
«Tout le monde se félicite de la mobilisation des personnels de santé, qui se sont donnés sans compter dans les hôpitaux et les Ehpad pour accueillir les malades du Covid-19 et assurer la continuité du fonctionnement des établissements.
Malgré l’absence d'équipements de protection, nous avons continué à travailler. C’est dans notre ADN. il n’est pas question de laisser les patients sans soins ou les collègues en sous-effectifs. Alors, de la même manière que nous continuons à travailler quand nous sommes en grève, nous continuons à travailler lors de cette épidémie, malgré les dangers auxquels nous sommes exposés.
Dès le début, nous nous sommes inquiétés de connaître le niveau de contamination parmi les soignants. Mais nous nous sommes retrouvés face à un mur.
Si quelques chiffres nous sont chichement donnés, établissement par établissement, aucun recensement national n’est encore à ce jour disponible malgré les demandes réitérées des syndicats, ici, il ne s’agit pas d'une question de pénurie, mais d’un choix politique délibéré de cacher les données pour ne pas se retrouver en manque de personnel du fait de l’éviction pour positivité d’un nombre trop important de soignants.
Quel cynisme! Nous comprenons alors mieux le terme de «guerre» employé par Emmanuel Macron.
Comme à la guerre, les «grands généraux», planqués à l’arrière, envoient en première ligne, sans protections, ce qu’il faut bien désigner comme de la «chair à canon ».
Au fil des jours, le nombre de collègues décédés augmente et va continuer à augmenter.
Si nous sommes volontaires pour travailler, nous n’acceptons pas de le faire dans n’importe quelles conditions.
Nous exigeons de connaître les chiffres de la réalité de la situation. Nous exigeons une stratégie nationale claire de dépistage et d’éviction des personnels infectés.» •