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Blog des Militants Communistes d'Arras

Blog de la section du Parti Communiste d'Arras. 14 avenue de l'hippodrome 62000 mail: arraspcf@gmail.com

BHL et les crimes d’Odessa

Voici un extrait de notre livre (URSS vingt ans après, retour de guerre en Ukraine) sur le sinistre histrion que l’on fait passer pour un intellectuel en France et sur les crimes du fascisme à Odessa…

 

Le grand écrivain européen à Odessa

 

Le plus indigne eut lieu le 6 août, trois mois après le drame quand Bernard-Henri Levy intervenait au nom de la France, de vous et moi, de l’intellectuel « engagé » européen dans le sillage de son ami Kolomoisky dans la ville martyre d’Odessa. Ce dernier lui avait offert le théâtre de 1600 places et assuré la présence de Porochenko qui venait de dire qu’Odessa était désormais la ville de Pravy Sektor. Imaginez le grand homme, avec une simplicité surprenante, dévoilant les liens entre l’Europe et le combat de l’intellectuel contre l’adversaire éternel du bon sens et de la dignité morale. La chute à elle seule dit l’ampleur du propos : « Cette pièce, est à l’angle de ce que je suis en tant qu’homme et en tant que citoyen » dit en son nom Jacques Weber. Et où ont été prononcées ces paroles dignes de Joseph Prudhomme, d’abord à Sarajevo, puis à Odessa. Dans cette ville dont je viens de vous décrire le traumatisme, l’effroi, il y a eu de surcroît cette représentation du dernier navet de BHL, Hôtel Europe, qui conte la fin de journée, fort morose, d’un écrivain justement occupé à préparer un discours sur le sort du continent européen. Cette pièce a dû quitter faute de spectateurs l’affiche du théâtre de l’Atelier à Paris plus tôt que prévu, mais avant ce bide, elle a été d’abord imposée à Odessa comme une célébration de la victoire de l’euromaïdan. L’Europe, l’intellectuel engagé français ou plutôt sa parodie, pénétrant dans un théâtre d’Odessa, entouré d’une claque de nazis, les mêmes qui ont accompli le crime dans la maison des syndicats. Plat, fanfaron, fier-à-bras, prétentieux et grossier dans l’attaque, d’une sensibilité hystérique, prêchant constamment la morale et la violant constamment, pathétique et vulgaire dans un salmigondis plus comique qu’autre chose ; opposant avec une égale suffisance à l’intelligence du peuple une culture faussement savante, petite bourgeoise, comme dans l’exposition de Kiev caricaturant les prolétaires du Donbass. Combien sera jugé médiocre le temps dans lequel prétendaient à la notoriété ceux qui ont fait d’eux-mêmes le centre de l’univers et qui prennent la pose devant les massacres. Comment face à une telle complaisance de philistins ne pas finalement se réjouir quand les rudes mineurs du Donbass en arrivent à la révolte de ceux qui n’ont plus rien à perdre.

 

Ce monde faussement exalté et obtus où un tel prédicateur déverse son indignation morale sur la « bêtise » ou la « méchanceté » de ceux qui contredisent sa foi en lui-même, en sa jouissance, en la bouillie rhétorique où nagent quelques citations des Lumières, pour mieux établir le droit à l’oppression de la civilisation sur la barbarie menaçante. Il est bien l’histrion du nouveau droit à la censure au nom de la liberté, celle de notre presse. Voici comme le Point rend compte de l’événement, notez avec quelle pudeur exquise le journaliste laisse entendre qu’il y a eu au printemps dernier quelques « troubles ».

 

« Vendredi, Bernard-Henri Lévy la jouera lui-même à l’Opéra d’Odessa devant plus de 1 500 personnes. Cette ville portuaire d’Ukraine d’un peu plus d’un million d’habitants fondée par l’impératrice Catherine II fut elle aussi en proie au printemps 2014 à des troubles entre partisans du gouvernement central intérimaire de Kiev et partisans de la fédéralisation de l’Ukraine. Parmi les invités attendus, l’actuel président ukrainien Petro Porochenko… »

 

Tout se passe au-delà de cette caricature, dans la presse qui assure sa promotion et celle d’autres de son acabit, comme s’il y avait de l’indécence à contredire le mensonge mille fois répété par toutes les bouches à la fois. Le fond est de tirer partie de la catastrophe présente pour affirmer que c’est la seule voie logique, décente. Quant à l’information elle est sacrée par essence, ce qui lui évite d’avoir à s’interroger sur la vérité de ce qu’elle rapporte. Les faits étant dits sacrés et l’opinion libre. Pour que la presse soit ce qu’elle est, la vache sacrée de nos démocraties, il suffit d’inverser l’affirmation : l’opinion est sacrée, ne doit point être contredite, les faits sont utilisés en toute liberté.

 

Au-delà de ce silence sur le crime et l’exaltation du grotesque dandy à la mèche rebelle et ses œuvres dénuées de talent, il y a le dévoiement permanent de la démocratie et des droits de l’homme dans une propagande de guerre.

 

Alors puisque nous sommes allées là-bas tenter de nous faire une opinion et sans nous faire d’illusion sur la portée de notre voix : est-il possible déjà de tirer certains enseignements de ce que nous voyons dans cette malheureuse Ukraine par rapport à l’opinion commune ?

 

D’abord un état des lieux, depuis que l’UE et les USA ont cru bon d’intervenir en provoquant un coup d’Etat, le pays est en proie non seulement à la guerre civile, à la crise économique sociale, mais aussi à la peur face à d’inquiétantes figures que notre presse veut ignorer. Comment vous dire à quel point cela est palpable ici à Odessa qui paraît si tranquille ?… On le sent dans le silence des habitants : ce chauffeur de taxi qui se tait ou répond « ça va (silence), si on peut dire » et dont on ne peut pas tirer un mot de plus… La ville entière paraît en pleine torpeur tandis que des jeunes gens, de la racaille, roulent les mécaniques, cherchent des regards qui se baissent et fuient. Le soir de notre chambre, dans la nuit, on entend des bandes de fêtards, le son est assourdi, lointain, on devine leur cri : « pour notre victoire ! » et ils sautent. Ce qui prend immédiatement un sens politique : ils ne sont pas des « moskals », ces sous-hommes que l’on peut impunément brûler sans que la police vous inquiète le moins du monde.

 

Il y a eu des élections avant notre arrivée. Le fait que des partis fascistes n’aient pas obtenu des voix en masse signifierait-il comme l’abstention un désaveu ? Certainement. Mais il faut aussi voir que toutes les listes présentées comme démocratiques, c’est-à-dire « pro-occidentales », ont à leur tête en position éligible des fascistes. Parmi les plus excités, il y a des « héros » de la répression dans le Donbass. Et surtout, les fascistes sont devenus partout les auxiliaires zélés de la politique des oligarques qui ont le pouvoir « à fiction démocratique ». Le bilan du Maïdan tient en ce résultat électoral : sur 250 anciens députés de la Rada, 200 ont été réélus, en revanche ont été exclus les communistes et ceux qui tentaient de combattre le FMI, l’OTAN… Voilà pour la Révolution démocratique tant proclamée en occident, en France avec interdiction de déroger à sa glorification. Sur un numéro de ELLE, l’hebdomadaire féminin, il y a la photo d’une héroïne du maïdan. Il s’avère que c’est une nazie de la pire espèce, de celle qui justement remplissait les cocktails molotov avant de les jeter sur la maison des syndicats. Quand nous avons fait venir les mères d’Odessa en France, en janvier 2015, nous avons prévenu l’hebdomadaire qui s’était excusé d’avoir assuré la promotion d’une nazie. Nous leur avons dit « interrogez ces femmes qui ont perdu leurs enfants ». ELLE appartient au groupe Lagardère et il n’y a eu personne pour interviewer ces mères d’Odessa.

 

Complices du fascisme qui a tué leurs enfants et bien décidés à faire silence sur les crimes. Pourtant au quotidien, c’est l’univers décrit par Brecht, Grand peur et misères du IIIe Reich, la crainte des enfants, de ce qu’ils peuvent répéter, de leur degré d’endoctrinement. C’est cette enseignante que ses élèves interrogent sur le Donbass et qui le lendemain est renvoyée sur dénonciation de l’un d’entre eux… La « lustration », la purge, cette liste que l’on sait établie, mais qui n’est pas encore diffusée…

Ecrit par Danielle Bleitrach

 

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