L'Ukraine au centre des préoccupations

Historien et politologue, Bruno Drweski a animé une conférence sur les « enjeux

Internationaux de la crise ukrainienne », ce jeudi   3   avril à Arras. De quoi nourrir la réflexion d'une salle comble désormais formée à prendre le contre-pied d'une propagande savamment distillée par un Occident revanchard.

Du Monde à France Inter, la plupart des  médias français traitent « les événements

d'Ukraine de façon bien peu équilibrée, souvent orientée et parfois même caricaturale », estime

Jacques Kmieciak. Et l'animateur de l'association des Amis d'Edward Gierek de dénoncer un discours empreint de « russophobie exacerbée, car la Russie quoi qu'on pense de Poutine, loin d'être un progressiste, est un obstacle au monde unipolaire rêvé par l'Occident capitaliste ». Une posture dont Bruno Drweski, l'un des plus éminents spécialistes des ex-États socialistes d'Europe de l'Est, était convié à dénouer les fils dans le cadre d'une conférence organisée en partenariat avec le Mouvement de la Paix. « On peut agir sur les causes des guerres à condition de les connaître ! » rappela Marianne Dunlop, son chef de file à Arras. 

Un « verrouillage de l'information » que le conférencier s'est donc appliqué à contourner offrant à son auditoire d'appréhender les multiples facettes tant historiques, géographiques, géostratégiques qu'économiques, de ce dossier brûlant.

 — La pétition (4 millions de signatures) lancée par les communistes ukrainiens en  faveur d'un référendum sur le traité d'association liant l'Ukraine à l'Union européenne ignorée tant par Viktor Ianoukovitch que son opposition pro-européenne

— L'extrême faiblesse du nombre des manifestants de la place Maïdan (50.000 au plus pour une population à Kiev de 3,5 millions d'habitants)

— La désormais présence de nazis (« qui se revendiquent ouvertement comme tels ») dans le gouvernement issu du coup d’État du 22 février sans que cela n'émeuve outre mesure leurs partenaires européens ou américains, ni même Israël. Il s'agit pourtant de partisans « du nationalisme intégral qui n'avaient plus droit de cité depuis 1945 ». Des nazis dont les modèles (Bandera et consorts) ont massacré avec une sauvagerie inouïe

Polonais, Juifs et partisans soviétiques pendant la Seconde Guerre mondiale.

— Le refus des nouvelles autorités pro-européennes de toute enquête indépendante sur les tueries de février à Kiev

– La répression anticommuniste dans l'ouest du pays

– La persistante toute-puissance des oligarques qui continuent de piller l'Ukraine 

– La nouvelle cure d'austérité que le FMI se prépare à imposer à la population

— Le mécontentement des travailleurs du bassin industriel du Donbass portant haut les couleurs de la justice sociale ou du socialisme...

Autant de faits volontairement dissimulés ou minimisés par la presse occidentale, dont   

Bruno Drweski dégagea la signification avant de situer les enjeux internationaux d'une crise ukrainienne (de la position de la Chine à la posture belliqueuse de la Pologne...) largement attiséepar les États-Unis, sur fond de dégradation des conditions d'existence des travailleurs ukrainiens depuis deux décennies.

Y a-t-il des risques d'affrontements armés entre la Russie et l'OTAN ? Quid d'une

possible partition ou fédéralisation du  pays ? Quelle est la nature des clivages sociaux, religieux ou linguistiques caractéristiques d'un État qui s'était prononcé contre le démantèlement de l'URSSen mars 1991 ? De multiples interrogations alimentèrent un débat des plus enrichissants. Une initiative évidemment boudée par la presse régionale, hormis l'hebdomadaire L'Observateur de l'Arrageois.

Professeur à l'Institut national des Langues et Civilisations orientales (INALCO) Bruno Drweski (à droite) était l'invité de l'association des Amis d'Edward Gierek et du Mouvement de la Paix d'Arras

La Maison des Associations d'Arras affichait « complet » pour ce rendez-vous inédit