4 Mai 2010
Stop à la dichotomie entre le social et le culturel ! Chaque 1er Mai, au cœur d’Arras, la fête des travailleurs s’affiche en « fête populaire et intelligente ». Et le succès est au rendez-vous. La petite famille de l’association Colères du présent a, cette année encore, réussi à fédérer en grand, autour de l’idée que la « résistance, par l’éducation populaire, doit et peut s’organiser à toutes les échelles, locale, nationale et internationale » face à ce que certains appellent « la crise » et que l’on préfère ici appeler tout simplement « le capitalisme ».
Concerts, théâtre, expositions, stands militants, éditeurs, dessinateurs de presse, écrivains de tous les continents… sous le parrainage de Jean-Bernard Pouy, ce 9e salon du livre d’expression populaire et de critique sociale a rassemblé 20 000 personnes. « Le punk à chien comme la maman avec la poussette s’y sont une fois de plus retrouvés sans embrouille », constate Didier Andreau, directeur de Colères du présent, tout en précisant que « les quartiers ont été partie prenante en participant activement, en amont du salon, aux résidences d’artistes » proposées notamment autour du slam de la Compagnie générale d’imaginaire ou du rap de Casey mêlé au rock expérimental de Zone libre. Les comités d’entreprise SNCF du Nord–Pas-de-Calais et de la région Paca, comme celui d’EDF ou la FSU ayant été pour leur part partenaires de projections-débats, avec, entre autres, le film de Gilles Perret, Walter, retour en résistance.
Samedi, entre frites, bière, fanfare et chorale militante, on se bousculait pour voir deux spectacles éprouvants : Ticket et Naz. Le premier, signé par le collectif Bonheur intérieur brut, rudoie les spectateurs, amenés à s’entasser dans un container en partance pour la Grande-Bretagne, pilotés par des passeurs qui n’ont rien de philanthropes. Le second, Naz, de Ricardo Montserrat, mis en scène par Christophe Moyer, invitant quant à lui à passer une heure dans la chambre blanche d’un jeune nazi (le mot est lâché) comme on en croise dans le bassin minier du Pas-de-Calais (incarné par Henri Botte). Oui, c’est ainsi que des hommes vivent… Et chaque fois, au cours du débat qui s’engage, les questions finissent par être posées : « Alors, que fait la gauche ? Qu’est-ce qu’on fait ? » Lisons ! C’est le premier mot d’ordre lancé chaque 1er Mai, ici, où s’est tenue une conférence à laquelle ont participé journalistes, travailleurs sociaux et écrivains pointant les enjeux de l’accessibilité des écrits en se demandant d’abord : « Qui écrit le social et sous quelle forme ? »
Laurence Mauriaucourt
Notez que le 1er mai 2010 aura un prolongement puisque Florence Aubenas, en voyage au Mexique, n’a pas pu venir retirer le prix Jean Amila-Meckert (décerné à l’occasion du salon et doté par le conseil général du Pas-de-Calais) pour son livre, les Quais de Ouistreham, mais que rendez-vous est pris pour le 17 mai avec la journaliste.