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Blog des Militants Communistes d'Arras

Blog de la section du Parti Communiste d'Arras. 14 avenue de l'hippodrome 62000 mail: arraspcf@gmail.com

Dépasser les honoraires, c’est abuser !

 

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  Bernard Coadou, médecin généraliste en retraite de Gironde, préside l’association La santé, un droit pour tous, à l’origine d’un manifeste et d’une pétition à destination des praticiens de santé et des patients en vue de la suppression des dépassements d’honoraires. Les motifs de la fronde.

L’injustice n’est pas une maladie incurable. Ça se soigne ! C’est, en substance, le message que s’évertue à faire passer Bernard Coadou, médecin généraliste de Gironde, en retraite pour le moins active depuis dix-huit mois. Les médias se sont largement fait écho du manifeste signé par 111 professionnels de santé de tous les secteurs (généralistes, spécialistes, professeurs, médecins, internes…), prônant l’interdiction des dépassements d’honoraires. Initié par l’association qu’il préside : La santé, un droit pour tous, ce manifeste, rendu public début août, a d’abord rayonné dans la région Aquitaine. Il concerne désormais tous le pays. Le doublement des signatures en quatre jours émane d’une majorité de praticiens en activité, « dont aucun ne pratique de dépassement d’honoraires », insiste Bernard Coadou, qui, au passage, met en garde contre l’idée que « les dépasseurs seraient les meilleurs ! ». Une pétition réaffirmant que « tous les dépassements sont abusifs ! » sera prochainement proposée en ligne sur Internet, à destination de tous.

Le docteur Coadou prend volontiers l’exemple « caricatural » de l’urologie : « L’association a déjà dénoncé des abus manifestes dans ce domaine, à Bordeaux », rappelle-t-il. Ainsi, pour un cancer nécessitant une ablation de la prostate, un bénéficiaire de l’aide médicale d’État s’est vu facturer 1 795 euros de dépassements. Il a dû faire un prêt pour s’acquitter de sa « dette » envers le chirurgien ! « En 2010, près de 30 % de la population a renoncé à des soins pour des raisons financières. »

« mesures dissuasives », pour parvenir à une « limitation »

Un scandale, qui ne doit pas pour autant faire oublier que le serment d’Hippocrate vaut encore pour des milliers de médecins qui multiplient les actes gratuits auprès de populations précarisées.

Nicolas Sarkozy n’a jamais voulu entendre parler du problème. Du côté du gouvernement Ayrault, la ministre Marisol Touraine évoquait en juillet dernier de possibles « mesures dissuasives », pour parvenir à une « limitation » de ces pratiques, si un accord n’était pas trouvé d’ici au 17 octobre dans le cadre de la négociation entamée le 25 juillet par la Caisse nationale d’assurance maladie, réunissant représentants syndicaux des médecins et des complémentaires de santé. « Redéfinir un cadre, pourquoi pas, mais cela reste à nos yeux une étape intermédiaire », affirme le médecin bordelais. « Un véritable problème de civilisation », qu’il pose en ces termes : « Est-il tolérable que dans une société quelqu’un puisse décider de s’octroyer des augmentations de salaire quand la grande majorité est appelée à se restreindre ? » « D’autant que ces dépassements s’ajoutent aujourd’hui aux franchises médicales, au déremboursement de médicaments, à l’augmentation des mutuelles. Et que depuis trente-deux ans que le secteur 2 a été créé il y a une progression régulière du nombre de médecins qui pratiquent des dépassements, même si cette pratique reste globalement minoritaire », argue Bernard Coadou, qui invite à « commencer par le secteur public ! ».

41 % des spécialistes libéraux pratiquent les dépassements

En 2011, 4,5 % des médecins hospitaliers sont en effet venus trouver, aux côtés de 41 % des médecins spécialistes libéraux et de 7 % de médecins généralistes, 2,4 milliards d’euros dans les poches de malades bien souvent âgés (contre 900 millions d’euros en 1990). « La progression est telle que les patients de certains territoires en viennent à ne plus avoir le choix », argumente encore Bernard Coadou. Un manque d’alternative de plus en plus criant dans les grandes métropoles et notamment à Paris.

« Je sais bien que les loyers des locaux médicaux sont exorbitants à Paris et que certaines spécialités comme la chirurgie, l’obstétrique ou la radiologie-échographie ont vu le montant de leurs assurances considérablement augmenter du fait d’une recrudescence de procès, mais c’est ce qui nous fait dire que le débat soit s’élargir au travers de création de commissions où toutes les parties doivent aborder toutes les questions, y compris celle du revenu moyen des médecins. » Le bras de fer entre opposants et partisans des dépassements d’honoraires avait déjà fait couler beaucoup d’encre dans les années 1980. Quant à ses confrères qui en viendraient comme à l’époque à se déconventionner si la loi interdisait les dépassements : « Eh bien, qu’ils le fassent ! » lâche sans ambages le médecin girondin. Combien de Français pourraient en effet accéder aux soins sans pouvoir prétendre à un quelconque remboursement par la Sécurité sociale ? Bernard Coadou sera présent à la Fête de l’Humanité, avec son association, pour poursuivre le débat.

Trop mal au porte-Monnaie... Selon le baromètre CSA sur « les relations et les pratiques 
des citoyens européens à l’égard de leurs systèmes de santé », 29 % des Français ont renoncé à des soins en raison d’un problème d’argent en 2011. Ils n’étaient « que » 11 % en 2009 et 13 % en 2010 ! Seule la Pologne faisait pire, l’année dernière, avec 36 %. « La qualité des soins ne s’est pas dégradée », 
avait pourtant osé déclarer Jean-François Copé, lors 
de la convention sur la santé de l’UMP en octobre 2011.

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