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Blog des Militants Communistes d'Arras

Blog de la section du Parti Communiste d'Arras. 14 avenue de l'hippodrome 62000 mail: arraspcf@gmail.com

« Les eaux glacées du calcul égoïste »


L'image “http://pagesperso-orange.fr/jm.nicolle/jmn/images/penseur.JPG” ne peut être affichée car elle contient des erreurs.(Quelques réflexions suite à la conférence de Jacques Généreux sur la dissociété)


Pourquoi cette société néo-libérale, dangereuse et nocive, résiste-t-elle si bien, alors qu’elle ne sert que les intérêts d’une poignée de privilégiés ? Telle était la question posée, et l’auditoire attendait bien sûr une réponse éclairante, une pensée qui armerait notre riposte.

La thèse développée par Jacques Généreux est que ce type de société n’est pas imposé de l’extérieur par quelques centaines de familles, ou par des « martiens », et que les populations qui la subissent s’en accommodent, car elles s’y adaptent pour survivre et même pour vivre. Ce qui permet cette adhésion à un modèle de société guidé par l’égoïsme, c’est une idéologie néo-libérale issue de la pensée moderne occidentale, qui place l’individu au centre et se pose seulement ensuite la question du contrat social.

Cette pensée moderne serait partagée par Marx, avec sa théorie de la lutte des classes (mais ce n’est pas sa faute, n’est-ce pas, il est prisonnier de la pensée du XIX siècle), et c’est là que les choses deviennent intéressantes.

Avant d’apporter quelques éléments de réfutation à cet amalgame entre marxisme et théories néo-libérales, je rappellerai cette idée fondamentale énoncée par Marx : « L’idéologie dominante est l’idéologie de la classe dominante ». Il n’y a donc rien d’étonnant (et rien de nouveau) à ce que les peuples soient maintenus dans l’oppression par une idéologie anti-humaniste et anti-scientifique.

Ainsi, Marx partirait d’un présupposé faux. Bien qu’il ne se prononce pas sur la nature humaine, bonne ou mauvaise, il voit dans la société un affrontement entre intérêts contraires, qui ne se résoudra que par un développement sans précédent des forces productives et la société d’abondance. Pour lui, toute l’histoire de l’humanité est celle de la lutte des classes.

Je ne m’étendrai pas sur ces questions qui nécessiteraient de longues explications sur la théorie marxiste, que, visiblement, Jacques Généreux a étudiée très superficiellement. Deux-trois remarques cependant : 1) Marx ne pose pas le problème en termes de individu//société, ou individu//individu. Il parle de classes sociales, de propriété, de forces productives et de rapports de production.

2) A un stade précoce de développement des forces productives, avant la privatisation des moyens de production, Marx parle de « communisme primitif », de groupes de chasseurs-cueilleurs vivant en harmonie – exactement ce que décrit Jacques Généreux pour prouver que l’homme est fait pour vivre en société.

3) Avec l’avènement du capitalisme, la bourgeoisie a noyé tous les rapports sociaux dans « les eaux glacées du calcul égoïste ».

Les communistes ne nient pas l’importance du fait politique. Au contraire. Que l’horreur économique soit d’abord une horreur politique, c’est-à-dire un choix politique, celui d’affamer des millions d’hommes, par exemple, c’est certain. Que cette politique s’appuie sur une idéologie, c’est aussi ce que disent les marxistes. Le rôle de l’Etat (l’appareil d’Etat, avec l’armée, la justice, la police, l’école même) est de maintenir la domination d’une classe sur une autre. Mais ce qui est à la base de tout, ce sont les rapports de production, en l’occurrence, la propriété privée des moyens de production. Si on perd cela de vue, on ne peut ni comprendre, ni transformer cette société.

Quelques mots sur ce que l’on a appelé à une certaine époque « l’homme nouveau ». certains voudraient assimiler les 70 ans d’expérience socialiste en URSS au Goulag. C’est facile, ça ne demande pas d’efforts. D’une part, on pense comme tout le monde, c’est plus confortable, ensuite, on n’a pas besoin de lire quantité de livres et d’articles et d’y réfléchir par soi-même.

Ayant vécu un an en URSS et deux ans en Chine, je n’ai pas ce bonheur de l’ignorance. Je ne peux pas rayer trois ans de ma vie, oublier que j’ai connu autre chose, une société de partage, d’entraide, d’effort collectif désintéressé vers le savoir, l’art, l’émancipation de l’esprit humain. Des tendances négatives existaient, certes, corruption, bureaucratie, etc, mais dans l’ensemble, c’était une société plus juste et plus fraternelle, plus ouverte aussi, plus démocratique (à la base, pas au sommet, malheureusement).

Jacques Généreux parle de déficience de la pensée de gauche aujourd’hui. Il a raison. Ce blocage de la pensée a son origine dans la chute provoquée réussie de l’URSS et du bloc socialiste. On a cherché d’autres voies (que le socialisme). Les communistes eux-mêmes, frappés d’autophobie, ont sombré dans la rumination, l’autoflagellation, le dénigrement du socialisme réel. Il est urgent de rouvrir la porte, on étouffe.

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