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Blog des Militants Communistes d'Arras

Blog de la section du Parti Communiste d'Arras. 14 avenue de l'hippodrome 62000 mail: arraspcf@gmail.com

Les déplacements et récits de Danielle et Marianne en Moldavie épisode 9

Le palais des Soviets à Tiraspol en Transnistrie

le même sous un autre angle avec son buste de Lénine et un éclairage nocturne très réussi ici mais aussi dans le reste de la ville.
 

Ce matin dans le hall monumental et sombre de l’hôtel Cosmos, où nous avons repris nos quartiers à Chisinau capitale de la Moldavie, le portier nous conduit à la soute aux bagages pour que nous y déposions nos valises. La nuit prochaine nous dormons à Tiraspol, capitale de la Transnistrie. Il ne peut s’empêcher de nous interroger : – Qu’allez vous faire là-bas ?
– Du Tourisme !
– ils ont un excellent cognac, bien meilleur que celui de Moldavie et de Dacie…
– qu’est-ce que la Dacie ? Pourquoi ce nom de voiture ? demande Marianne
– c’est une province romaine dis-je en rassemblant mes souvenirs d’ex-latiniste sur Trajan, sur l’empereur et la colonne célébrant ses conquêtes. La Dacie et  la Thrace. Des vestiges de mes traductions de Tite Live ou peut-être Tacite et remontent les visions des légions romaines marchant contre des peuples de partisans, les traînant dans son triomphe, sculptant pour l’éternité leur humiliation dans le marbre…
Le portier d’ailleurs me corrige : ce n’est pas une province romaine, les Romains l’ont conquise…

Nous savons lui et moi de quoi il est question : « pourquoi toujours venir en armes ? » aurait-il pu dire? Il poursuit sur un ton détaché…
– La France a perdu pied, elle a laissé l’Angleterre devenir hégémonique, les Français eux-mêmes se mettent à parler anglais… C’est regrettable pour les peuples latins comme les Moldaves…
Il a conservé sa dignité de réceptionniste, la neutralité de l’employé, mais il ne nous l’a pas envoyé dire: « comment pouvez-vous, vous les Français vous aligner ainsi derrière les Américains ? Vous nous aviez habitués à mieux! ». J’ai vu des Russes aller plus loin dans l’interpellation. Ils lèvent les mains dans un signe de reddition : « vous les Français devant l’ennemi! »

Le prestige de la France demeure plus grand qu’il n’y paraît et ils sont attentifs même si l’acteur décisif est devenu l’Allemagne…. Toute cette Europe de l’est est déçue, les Russes encore plus, ils ont réellement cru qu’ils allaient s’intégrer dans une Europe riche, amicale, aimante… Vingt ans après… Ils n’en reviennent pas et ceux qui croient un peu en la France ont encore la force de lui faire des reproches… C’est comme les Odessites qui attendent un signe d’amitié de Marseille… j’aimerais tant que leur exposition sur les événements du 2 mai passe dans cette ville jumelle, j’imagine même le local central de la CGT, dénonçant le meurtre dans la maison des syndicats… Jadis il n’y aurait eu aucun problème.. Quand et comment les liens se sont-ils défaits? …

Quelques minutes après cette brève discussion avec l’employé de l’hôtel, nous sommes  dans la rue, dans le désordre du marché, ou plutôt du grand bazar qui s’étale sur un vaste espace, masque les façades. Il y a une telle profusion d’écriteaux, d’affiches, de vitrines aux couleurs criardes qu’il est difficile de s’y reconnaître. La gare centrale où nous devons nous embarquer pour Tiraspol doit se trouver par là ou par là, nous tournons un peu sur place, chaque coin de trottoir est occupé par un kiosque, un étal. 

En fait tout est « made in China ». On peut soupçonner les Chinois d’envoyer des représentants de par le monde pour se conformer aux goûts supposés des consommateurs dans chaque pays. En France, ils n’expédient que des  tailles 36. En Moldavie, ils taillent large mais ils développent une mode « soldes en Corrèze aux lendemains de la Libération » du plus déplorable effet sur l’esthétique supposée moldave . 

Les Moldaves se rattrapent dans les arts de la table, les fruits, les légumes, la manière de les accommoder, le vin lui-même est excellent. Sous l’accumulation d’horreur, il y a les restes d’un pays de cocagne avec une des plus belles terres du monde, noire, grasse…
Une paysanne d’une cinquantaine d’années avec un foulard sur la tête attend pour traverser la rue, Marianne l’interroge en russe. La femme a un bon sourire, elle s’excuse, elle ne parle que le Moldave.

Quand nous lui expliquons que nous sommes françaises, elle répond : « Français Russe, Moldave et Africains, nous sommes tous des êtres humains. »
Dans le car qui menait d’Odessa à Chisinau, tout le monde était resté silencieux jusqu’à la frontière moldave et là, la frontière passée, le car s’est animé, la parole est revenue et avec elle la simplicité, la « bonne franquette » est le terme adapté, si commune dans ce pays.

Un de nos amis, l’intellectuel type odessite, moqueur plus qu’il n’est permis, venait de nous dire sur le quai de la gare: « les Moldaves sont des enfants de la nature ». L’esprit d’Odessa nous avait-t-il expliqué en nous faisant visiter la ville quelques jours auparavant, est l’art de brocarder. Il y a la liberté des ports et la dérision du ghetto juif… « Que font les services secrets ? » déclare l’Odessite frondeur et il dit que quand Pravy sektor frappe les dealers, c’est parce ces fascistes sont probablement payés par des gros trafiquants à la conquête du marché. On ne la lui fait pas même sous la menace… ou alors il en rajoute dans l’acceptation de l’insupportable, « mais que font les services secrets? » feint -il de s’indigner quand s’ouvre le moindre espace de liberté…
Il se moque de la naïveté du rural moldave, mais elle le ravit. « Ce sont des enfants de la nature »…


Notre chauffeur de car qui nous ramenait d’Odessa était visiblement gagné sinon par l’esprit d’Odessa à tout le moins son sens du trafic. Sa cabine est emplie d’icônes, de croix, de chapelets, mais au milieu sous le rétroviseur flotte un dollar, comme pour dire que cette image pieuse a détrôné toutes les autres en matière de protection. Il a proposé aux clients du car d’encaisser le prix du voyage directement. A la sortie de la gare, une femme monte et compte les passagers, mais le chauffeur a tout prévu et nous reprenons quelques mètres plus loin ceux qui ont eu un billet à moindre coût et en négociation directe avec lui, il y a 6 fraudeurs. Marianne et moi avons dû payer un maximum, puisque ayant pris le billet dans la gare, il a taxé nos bagages pour 50 gryvnas supplémentaires, 50 gryvnas à 18.60 l’euro cela ne vaut pas la peine de se créer des ennuis, nous acceptons la taxe.. La gryvna est la monnaie ukrainienne que tout le monde à Odessa appelle le rouble. Cette inadéquation entre les mots et les institutions officielles contribue à l’oppression ressentie à Odessa. Personne dans cette ville ne parle ukrainien et pourtant dans la poste, dans tous les bâtiments de l’Etat, de la région ou de la municipalité, tous les renseignements sont en ukrainien. Mêmes les nationalistes les plus extrémistes n’arrivent pas aligner deux phrases correctes en ukrainien… Comme d’ailleurs l’actuel maire de Kiev… La ville en paraît occupée par une puissance étrangère.

Il y a aussi  les gens chassés de leur emploi, ceux qui craignent de l’être, l’insécurité du lendemain, cela développe l’esprit de trafic, la corruption, dont ce chauffeur moldave semble le gagne petit. Plus que jamais avec la guerre civile, la crise économique, la ville fait songer à cette parole de Gramsci : un crottin de cheval nourrit une volée de moineau. L’exemple vient de haut,  la route ukrainienne vers la Moldavie est une simple piste défoncée. En sautant sur mon siège comme dans un rodéo, je m’interroge sur le nombre de crédits prévus pour sa réfection qui ont été détournés. L’Ukraine est mise en coupe réglée et chacun à son niveau se sert. Les mères d’Odessa nous ont expliqué que le grand cinéaste russe Mikhalkov leur avait expédié 135.000 roubles, ils ne leur sont jamais parvenus.

Notre chauffeur moldave, comme toute une partie de la Moldavie en relation avec Odessa s’est lancé à corps perdu dans la contrebande et les trafics. Ce que nos médias nous présente depuis plus de vingt ans comme la conséquence du passé soviétique est en fait vécu par les habitants comme une terrible rupture dans laquelle ils sont prostitués corps et âmes.

l’université de Tiraspol, tout le quartier a un charme bucolique…

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le bus aux couleurs de la République avec son slogan pro russe.

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Rien à voir avec l’esprit qui règne dans le car qui mène aujourd’hui mercredi à Tiraspol. Le chauffeur nous envoie chercher les billets. Nous roulons sur une autoroute qui mène de Chisinau à Tiraspol et qui devrait être le chemin officiel pour Odessa si la Transnistrie ne s’était pas obstinée à vouloir y faire régner son ordre douanier et la traque des contrebandes. Les cars désormais prennent une route secondaire pour aller à Odessa. Notre chauffeur trafiquant de la veille à qui un passager demandait s’il passait par Bender, une ville de Transnistrie lui a répondu par une expression imagée russe : « Qu’est ce que j’aurais oublié là-bas pour y retourner ? » Les cars qui sont en stationnement à Tiraspol, ont des rubans de Saint Georges à la place des icônes.

Le divorce est-il consommé entre la Moldavie sur la rive gauche du Dniestr et la rive droite séparatiste ?

C’est un des enjeux des élections moldaves qui vont avoir lieu le 30 novembre. L’Europe ou l’alliance avec la Russie? La réunification ou ici comme ailleurs la poursuite du délitement… Sans parler de l’immigration. Comme nous l’a dit le philosophe roumain rencontré hier:

- Regardez cette table, ces quatre chaises et bien dans chaque famille, il y a un Moldave absent sur quatre, il est soit en Europe, aux Etats-Unis, au Canada, soit en Russie, mais ils conservent des contacts étroits et l’espace du pays c’est aussi là-bas… Avant aussi ils se déplaçaient mais c’était sans frontière, sans avoir à adopter l’OTAN en prime et la clandestinité parfois.

Au parti communiste d’Ukraine, la veille, à Odessa, alors que chacun y espère la victoire du parti communiste Moldave, le secrétaire régional d’Odessa, nous avait expliqué que certes « le candidat communiste quand il était président avait fait quelques erreurs, mais qui n’en fait pas ? Ce serait un grand espoir s’il était élu. » Une des erreurs étant d’avoir voulu remplacer l’internationale par une danse folklorique moldave parce qu’il avait cédé à la tentation nationaliste, Et avec ces bouffées de complaisance nationaliste,  il avait eu quelque opportunisme envers l’Europe.

Ce qui est sûr c’est que l’Europe n’a cessé de décevoir et le candidat communiste moldave, qui jure n’avoir plus aucunes tentations de ce type, peut l’emporter. Dès qu’il sera élu , il s’assiéront à une table, la Transnistrie, la Gagaouzie et la Moldavie pour reconstituer le pays et renouer avec la Russie, la Biélorussie. Il a d’ailleurs en son temps su accorder le statut d’autonomie à la Gagaouzie pour éviter la guerre qui avait opposé la Transnistrie à la Moldavie. Une guerre qui ressemblait beaucoup à ce qui se passe aujourd’hui dans le Donbass.

ils résoudront le problème et peut-être la contagion d’une solution fédéraliste pacifique gagnera-t-elle l’Ukraine ?

Tout cet espace post-soviétique est mitoyen et chaque événement retentit dans une aire jadis sans frontière. Les conditions sont peut-être réunies. Il y a une génération qui apparaît, décidée à changer les choses et à construire ensemble. Ainsi le vieux président Smirnov qui présidait aux destinées de la Transnistrie depuis plus de 20 ans a cédé la main à un jeune homme.

Smirnov multipliait les références à l’Union soviétique mais il installait un système oligarchique, privatisait, il est plus facile de trouver un langage commun avec son successeur y compris pour les communistes.
Les futures élections moldaves ont de ce fait un rôle aussi important et sans doute plus que les élections ukrainiennes dont personne n’attendait rien et qui n’ont rien apporté si ce n’est une aggravation de la situation. Pourtant on ne sent pas la même tension dans l’espace moldave que dans une Ukraine en train de se décom poser.Il y a incontestablement une sagesse moldave, même si les impertinents intellectuels odessites ont tendance à traiter les Moldaves comme nous en usons avec les Belges et avec la même injustice. Quant aux Roumains, la Moldavie est pour eux un espace de colonisation et transformer le colonisé en éternel benêt fait partie du paternalisme de l’exploiteur.

Ce côté rousseauiste que l’on attribue souvent au Moldave est basé sur son appartenance à un monde rural, sur son respect des solidarités, des valeurs étrangères au capitalisme. En fait tout le monde adore les Moldaves et considère plus ou moins ce petit pays comme un paradis, mais on ne peut s’empêcher de les chambrer. Et je dois dire que quand j’ai entendu le récit des « erreurs » opportunistes du camarade dirigeant moldave, entre autres d’avoir remplacé l’Internationale par un chant folklorique local j’ai dû réprimer un fou rire du plus mauvais effet. Comme l’a noté le philosophe roumain installé en Moldavie qui lui aussi adore les Moldaves : Les Moldaves n’ont aucune propension au fascisme mais ils essayent..

Pourvu que cela ne les gagne pas en contrebande et qu’ils n’aboutissent pas au même chaos qu’en matière d’urbanisme.
L’esthétique urbaine de Chisinau est assez redoutable. On peut difficilement faire pire que l’hôtel Cosmos, mais un concours semble avoir été lancé pour que tous les bâtiments qui l’entourent soient pires encore, un monstre à droite a remporté le challenge, il est d’une laideur démesurée. Mais ce qui crée sinon la laideur ou du moins le chaos est plus profond encore que ces catastrophes architecturales, c’est l’absence de politique pour ce pays.

Les perspectives des grandes allées soviétiques sont détruites par l’entassement de kiosques, de petits immeubles qui occupent le trottoir et partout des grands panneaux. Les élections n’arrangent rien et au vu de la propagande électorale on se dit qu’ils auraient choisi de faire s’écharper les Moldaves, ils ne s’y prendraient pas autrement.

Les communistes et quelques partis dont on se demande s’ils n’ont pas été créés pour l’affaiblir insistent sur les bonnes relations avec la Russie, leurs affiches sont rouges avec des sigles tels que l’étoile, voir la faucille et le marteau. Les panneaux bleus affichent sans complexe non seulement le choix pour l’UE comme objectif mais celui de l’OTAN avec en coin le drapeau et l’étoile de cette organisation. Imaginez une campagne électorale à quelques centaines de mètres de la frontière ukrainienne des zones du sud et du sud est les plus déstabilisées qui proclament soit leur choix de la Russie, soit celui de l’OTAN pour tout programme…


Surtout quand on découvre ce qui s’est passé dans ce pays en 1992, juste après la fin de l’Union soviétique qui a été imposée par « trois ivrognes » dans une forêt biélorusse, le secrétaire du parti communiste de la fédération de Russie, celui de la Biélorussie de l’époque et enfin celui de l’Ukraine en parfaite violation du référendum qui avait eu lieu peu de temps auparavant pour le maintien de l’URSS. Il est récemment sorti un livre de photos sur Tiraspol, on commence un peu à en parler mais comme une sorte de pays d’opérette caricature de l’ex-union soviétique financé par Poutine. Ce n’est pas du tout l’histoire, il s’est passé là un drame comparable à bien d’autres tout aussi occultés pour nous monter la fiction de l’adhésion des citoyens de l’Union Soviétique à leur propre fin.

Cette année il y a eu quelques articles en France qui ont parlé du drame de la Douma et du massacre des députés qui résistaient, mais personne ne dit à quel point la rupture fut dramatique entre la Moldavie et ses provinces pro-soviétiques.

En ce moment d’ailleurs la Transnistrie vit au rythme du Donbass. Les chauffeurs de car discutaient à la gare, ils écoutaient les nouvelles, encore 6 morts dans le Donbass et quand il a été question des « désordres » à Londres, ils ont ricané : « Tu parles de désordres… de la comédie ! »
Que dire de Tiraspole ? Il y a un ordre, à l’inverse de l’urbanisme impossible de la capitale Moldave. Nous sommes en Russie, mais sans les derniers développements capitalistes, la Russie du temps de l’Union soviétique, avec son calme, sa nature qui pénètre dans l’espace urbain avec ses allées boisées, ses bords du Dniestr aménagé et ses grandes avenues dans lesquelles une circulation automobile encore rare est très supportable… Sur le Dniestr comme dans un film d’Angelopoulos flottent non pas des statues de Lénine, elles sont encore sur pied avec quelques nouveaux bustes de Catherine II, mais un dancing sur l’eau dans lequel un orchestre joue des airs tziganes et de romantiques chansons russes.

Les jeunes femmes sont élégantes, de longues jambes dénudées jusqu’à mi cuisse, montées sur de véritables échasses, Marianne m’explique que ces habits caractéristiques ailleurs des dames de petite vertu sont les tenues des moscovites chics et que nul n’y trouve à redire… Ici aussi règne une atmosphère paisible, polie … Avec des monuments gigantesques, c’est entre la dame au petit chien, la Russie éternelle et la Corée du Nord… Les étudiants sortent en bande tranquilles de l’Université… Les parents poussent les landaus de leurs enfants et les magasins sont bien achalandés…

Les vendeuses polies mais lointaines se servent toujours du boulier pour établir votre compte et il y a de discrets portraits de Staline sur les calendriers, les posters, toutefois le héros reste Lénine .Mais le siège du parti communiste reste modeste, sympathique, familial. 

Nous y sommes accueillies par de jeunes komsomols curieux de tout savoir de la France, la rédactrice en chef de leur journal et Sacha, le secrétaire de ville du parti communiste. Le secrétaire national est à la Douma, il est l’unique député communiste.

Le jeune secrétaire des komsomols curieux de tout, nous allons nous revoir…

Sacha, est un retraité,  lui aussi adore les Moldaves, malgré la guerre qui les a déchirés et qui a fait plus de 600 morts. Il nous explique que non seulement les dirigeants Moldaves n’ont pas respecté le vote du référendum de 1991 où toute la République de Moldavie avait choisi de rester en Union Soviétique, mais dans leur fièvre nationaliste, ils ont déclaré : « Les Russes doivent aller derrière le Dniestr et les juifs dans le Dniestr ». Sacha a poursuivi : « Comme nous étions derrière le Dniestr, nous y sommes restés et nous l’avons même gardé.

D’ailleurs effectivement ça a toujours fait partie de l’Ukraine donc de la Russie ». Je lui demande : quels nationalistes ? les Moldaves ? Mais non, les Moldaves ne sont pas un peuple de guerriers, ils ne se conduisent pas comme ça ! Qui alors ? Les Roumains s’exclame-t-il. Il ajoute, je n’ai rien contre les Roumains, mais de temps en temps ils ont des accès de fascisme et durant la deuxième guerre mondiale, ils ont déferlé avec les nazis sur la Moldavie, la Bessarabie et Odessa, ils étaient encore plus cruels que les nazis…

Comme les bandéristes… là avec l’UE, ils espèrent bien récupérer la Moldavie également courtisée par les Turcs, les Grecs… ce sont eux qui ont poussé les Moldaves qui n’aiment pas la guerre… Sacha qui est un individu délicieux et qui nous a accueillies « comme de la famille, les communistes dit-il sont partout les mêmes, ils luttent pour la paix et pour que les gens aient de quoi vivre dignement », a quelques remords : « j’aurais dû apprendre le Moldave, je ne le sais pas. Mais je viens de l’Oural et j’ai eu quelque peine à apprendre le langage local.

La Moldavie c’était un paradis, c’était écologique, la nourriture y était abondante et pas trafiquée… Nous avions du travail nous étions les plus heureux ». Il est convaincu qu’ils vont arriver à recréer l’Union soviétique, « les Gagaouzes sont sur le bon chemin, si le candidat communiste passe en Moldavie, les conditions de la paix seront réunies et peu à peu nous allons gagner. Nous avons d’ailleurs décidé de lancer une campagne d’adhésion.»
Même si partout en Transnistrie flottent les symboles de l’Union Soviétique, les communistes sont loin d’être au pouvoir. De cela comme de l’histoire de la Transnistrie nous parlerons un autre jour, nous pensons assister à un meeting communiste vendredi avant de nous embarquer vers la Gagaouzie.

Le soir pour la modique somme de 10 euros à deux nous avons mangé dans un restaurant tenu par un jeune homme avec une queue de cheval, des mets exquis. Une salade de roquette avec des lamelles de parmesan et des champignons, avec une huile d’olive fruitée et parfumée à l’ail. Marianne a choisi une polenta assortie d’une brouillade, de fromage blanc et de crème fraiche, et elle a couronné le tout avec un somptueux vacherin, tandis que moi je me régalais de délicieux raviolis aux pommes de terre et d’un yaourt en gelée au kiwi frais… Ce moment de luxe dans la douce Transnistrie était encore un défi à tous les clichés…
Tout est si calme, apaisé et pourtant avec les élections moldaves du 30 novembre tout peut exploser si l’UE et les Etats-Unis renouvellent leurs exploits ukrainiens… Alors que si on laisse le processus naturel s’accomplir, un conflit intervenu il y a 20 ans peut trouver une issue pacifique… On peut assister à la réunification d’un pays et cette avancée peut offrir un cadre de résolution à d’autres conflits ou dans le cas contraire aboutir à  transformer plus que jamais cet espace post-soviétique en poudrière au cœur de l’Europe puisque je rappelle une fois de plus au lecteur que l’Europe va de Brest à l’Oural.
Danielle et Marianne

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